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Préhistoire


Formation géologique de la région

Entre le moment où la Terre s'est créé et les plus anciennes traces de vie que l'on y a retrouvé, il s'est écoulé 4 550 000 000 d'années, soit les 9/10e du temps de la planète. Un temps difficilement imaginable, où l'activité de la planète consistait à se refroidir pour former cette croûte qui nous sert de support.

Puis vinrent les périodes où l'activité volcanique, les mouvements telluriques et l'atmosphère empêchaient encore toute vie, mais où le sol se formait peu à peu. Les océans se remplissaient, les terres se stabilisaient, malgré leurs mouvements ininterrompus.

Il y a quelques centaines de millions d'années, le Roussillon prend un aspect plus proche de celui que l'on connaît, mais inachevé. Les Pyrénées étaient déjà formés. De nombreux torrents faisaient dévaler des tonnes de rochers des montagnes vers la mer, les roulant continuellement, ce qui les arrondissaient, les aplanissaient. Le Canigou n'existait pas encore, il s'agissait d'une montagne jeune.

Peu à peu les torrents impétueux se calment et se transforment en rivières plus tranquilles. Ils charrient non plus de la roche mais de l'argile, du sable, des petites roches. Ces sédiments se déposent dans la mer, qui se comble au fil du temps. Lentement, le niveau du fond de la mer monte. Conjointement, le changement de climat fait baisser le niveau de l'eau. Une vaste plaine fertile apparait, la plaine du Roussillon. En même temps le Canigou se forme, participant lui aussi à la montée du niveau du sol.

Les étangs s'assèchent, les rivières se regroupent, les lagunes se comblent. La région se transforme pour arriver à son visage définitif, celui qu'on découvert bien des millénaires plus tard les premiers habitants.


Apparition de la vie dans la région

Apparait alors la vie sur Terre. Entre 545 et 245 millions d'années, il s'agit de l'ère primaire. La vie s'était développée essentiellement dans la mer sous forme de bactéries, puis de coquillages, mollusques et quelques poissons. Entre 245 et 65 millions d'années (ère secondaire), se fut le règne des dinosaures. Une brusque disparition de ces géants, dont la cause n'a toujours pas été trouvée de façon certaine, a permis aux petits mammifères de se multiplier, ce qui amena au début de l'ère tertiaire qui dura jusqu'à –2 000 000 d'années. Durant cette période les premiers primates firent leurs apparitions, établissant notre première lignée d'ascendance. En effet, à la fin de l'ère tertiaire, les primates les plus évolués étaient les australopithèques, répartis en 8 groupes en fonction de leurs lieux d'habitats.

A partir de 2 millions d'années, la Terre est entrée dans l'ère quaternaire, caractérisée par une succession de vagues glaciaires... L'homme tel que nous l'entendons est apparu. Il faut noter que les deux espèces ont été en partie contemporaines, les australopithèques n'ayant disparus que tardivement. L'origine de l'homme étant sujet à discussion, il ne faut pas entrer plus dans le détail ici.

Toujours est-il que la succession de glaciations a provoqué de grandes migrations d'animaux, avec des changements radicaux de la flore, ceci amenant jusqu'au midi de la France des animaux de type bœufs musqués et saïgas (Antilopes que l'on trouve aujourd'hui dans les steppes de l'Oural). Ces troupeaux seront une aubaine pour les quelques tribus humaines qui vont apparaître en Europe : ils représenteront leurs principales sources de nourriture, avec les mammouths et les bisons.


-1 800 000 : Apparition de l'homme

C'est en Tanzanie qu'est apparue la première évolution de l'homme, l'homo-habilis, vers -1,8 millions d'années. Ce lointain ancêtre avait la capacité de construire des instruments sur la base de pierres taillées. Cette activité nous permet de nos jours de trouver sa trace, lui et tous ces descendants.

Après une succession de changements de climat, l'homo habilis se déplaça pour s'installer, à chaque changement, dans une contrée différente. C'est ainsi que des lointains descendants traversèrent le Roussillon, et y séjournèrent peut-être pour un temps d'une durée inconnue.

Un million d'années avant JC, c'est la date très approximative des pierres taillées retrouvées sur les terrasses de Millas , près du Mas Ferréol, adossé à la colline de Força Réal. Toute première preuve d'activité humaine dans la région, il faut attendre au moins 500 000 ans avant d'en retrouver d'autres, sur les terrasses de La Labanère, entre Pia et Rivesaltes.

A cette époque, l’homo-habilis était appelé "homo erectus", Pré-Néanderthaliens ou Archanthropes. Le premier fossile humain que l'on a retrouvé dans le Roussillon date de cette époque : -450 000 ans. Il s'agit de l'homme de Tautavel.


-450 000 ans : L'Homme de Tautavel

Au cœur d'une vallée quaternaire des Corbières, dans ce petit village niché au creux de la vallée du Verdouble, se trouve la Caune de l'Arago, grotte que deux groupes d'hommes préhistoriques sont venus habiter successivement, à approximativement 50 000 ans de différence. C'est dans cette grotte que l'on trouva en 1971 le célèbre "Homme de Tautavel" vieux de 450 000 ans, ce qui correspond à la première période d'habitation de la grotte.

Crâne de l'homme de Tautavel

Crâne de l'homme de Tautavel

Le choix qu'on fait nos lointains ancêtres est particulièrement judicieux. A peu près à 100m d'altitude, surplombant la vallée où se trouvent gibiers et baies, ce poste d'observation avait tout ce qu'il faut pour leur plaire. L'homme découvert date de 450 000 ans, c'était un jeune adulte d'une capacité de boîte crânienne de 1135 mm3. La structure des bouts de squelette retrouvés indique qu'il était plus résistant physiquement que nous le sommes aujourd’hui.

L'homo-erectus a eu une durée exceptionnellement longue, il ne disparaît qu'aux alentours de 100 000 ans. Ses évolutions sont donc nombreuses, et ce sont elles qui ont conditionné en partie notre caractère social. Dès le départ, il taille de menus objets dans le but d'en faire des outils. Vers 350 000 ans, il découvre le "percuteur tendre", fait en bois ou en os, qui améliore la taille des outils. C'est à cette époque qu'il découvre le feu, qui va avoir de grands effets : Sa découverte a accéléré la sédentarisation, les clans se réunissant autour du feu, elle a renforcé les liens familiaux et amélioré l’aménagement interne des habitats, qui changèrent en conséquence.


-80 000 ans : Paléolithique, époques glaciaires

Durant cette période, le quaternaire, le climat se modifie radicalement et très rapidement. Les périodes de chaleurs alternent avec les glaciations, modifiant la faune et la flore. C'est ainsi que l'on retrouve des os de rennes (climat froid), mais également des vestiges d'hippopotames, de rhinocéros (climat chaud), et tout ça pas dans les mêmes grottes, mais dans des strates différentes. Le climat a évolué ainsi entre -80 000 ans et jusqu'à nos jours.

La vallée du Verdouble

La vallée du Verdouble

  • De 80000 à 70000 ans : Chaud
  • De 70000 à 60000 ans : Frais puis froid
  • De 60000 à 50000 ans : Chaud
  • De 50000 à 40000 ans : Froid
  • De 40000 à 30000 ans : Très froid, puis froid
  • De 30000 à 20000 ans : Frais, puis très froid
  • De 20000 à 10000 ans : Très froid, frais puis chaud
  • De 10000 à nos jours : chaud

-60 000 ans : L'homo sapiens

La disparition de l'homo erectus a laissé la place aux premiers Homo sapiens, l'homme de Neandertal qui était caractérisé essentiellement par ses pratiques funéraires. Nous sommes en -60 000 ans. On ne compte plus en effet les sépultures qu'il nous a laissées, et si nous possédons des squelettes entiers ou assez bien conservés, c'est précisément parce qu'ils avaient été enterrés dans des fosses creusées pour les recevoir. Il faut quand même savoir que le sol, trop acide, n'a pas permis la conservation des ossements. Tous ces squelettes ont été retrouvés dans des grottes, lieu privilégié pour enterrer les morts.

L'homo sapiens a laissé des traces essentiellement dans les Corbières ainsi que près du mas de la Joliette, à Espira, où il a été trouvé des outils taillées. A Rodès, à Corneilla de Conflent donc plus loin dans la vallée de la Têt, on a retrouvé d'autres gisements importants, comprenant non seulement des restes humains et des pierres taillées, mais aussi des petites traces de foyers et de la faune d'époque, relief des repas pris.

En particulier à Corbère-les-Cabanes, dans la grotte de Montou, on a retrouvé des cervidés, des ours ou des bouquetins. (+ d'infos)

L'extinction des Néandertaliens a été un processus lent. Son successeur, l'homo sapiens sapiens est apparu en Europe vers -40 000 ans.

C'est donc vers -40000 ans que l'homo sapiens sapiens apparu. Celui-ci du s'adapter aux milieux dans lesquels il vivait. Son habitat était constitué de tentes légères, de huttes en bois ou en os de mammouths. Sa principale caractéristique fut d'avoir maîtrisé l'art : c'est à cette époque qu'ont été dessinées les fresques murales dans les grottes et qui sont pour nous les premières traces évidentes de la vie de l'époque. Ces traces, nous en avons en Roussillon sur les communes de Formiguères, en Capcir. Il s'agit de gravures rupestres faites sur les rochers dénommés la Peyra Escrita, la pierre écrite, qui sont toujours visibles quoi que sérieusement effacées. Sur le site de Caixas également on a retrouvé d'autres graffitis contemporains de ceux de Formiguères.

Reproduction des gravures rupestres de la Peyre Escrita

Les environs de Vingrau sont assez riches en trouvailles de cette époque, en particulier près du Rec del Penjat, ou on a sorti de terre des grattoirs à museaux, des burins et des couteaux à dos ainsi que divers autres instruments caractéristiques.

L'homo sapiens sapiens a évolué, prenant peu à peu des noms différents : Châtelperronien ou Gravettien entre 34 000 et 30 000, Solutréen entre 18 000 et 15 000, Magdalénien entre 13 000 et 8 000.

Entre -20 000 et -15 000, c'est toujours à Vingrau, au lieu-dit Les Espassoles qu'on a trouvé des pointes de flèches en pierre. Mais ce village n'a pas le monopole, à Corneilla de Conflent les paléontologues ont mis à jour des restes de loups, de lynx, de chevaux, de chamois, ... qu'ils ont datés de cette époque, plus quelques outils en pierre.

-12 000 ans, c'est l'age des peintures de la grotte de Lascaux. Dans le Roussillon nous n'avons pas de telles peintures, (du moins aucune n'en a encore été trouvé), mais le site de la "Cova Bastera" à Villefranche-de-Conflent, a conservé des traces de peintures rouges. Dans un style plus brutal, on peut toujours voir à Campôme des gravures d'animaux faites sur une paroi verticale (des isards, des bouquetins), ce qui constituent la seule représentation de ce type à ciel ouvert de cette époque dans toute l'Europe. A -12 000 ans, on est en plein magdalénien. Les restes principaux retrouvés le sont à Fuilla (harpons en bois de rennes), mais surtout dans la vallée du Verdouble (Tautavel, Vingrau).

Vers 10 000, le climat se réchauffe, les glaciers reculent, le niveau des mers s'élève. De grandes forêts de feuillus et de conifères apparaissent et le cerf remplace le renne, bref c'est le début de la stabilisation climatique dans laquelle nous nous trouvons encore.


-10 000 : Néolithique, poteries et agriculture

Entre -9000 et -6000 ans commence le processus de néolithisation. Le climat se réchauffe, les glaciations reculent, laissant derrières elles de profondes cicatrices dans les roches calcaires des Corbières.

La faune se modifie, les grands prédateurs disparaissent rapidement au profit de plus petits gibiers. L'homme s'adapte en améliorant son régime alimentaire : Racines, fruits et végétaux divers complètent la nourriture jusque là essentiellement carnée. Curieusement les hommes de cette époque testent tout et n'importe quoi, y compris... des escargots ! On a en effet retrouvé des coquilles noircies par le feu et vidées au milieu de reliefs d'autres animaux.

Vers -5500, nous voici dans le néolithique ancien. Cette époque est caractérisée par la découverte de la poterie. Evidemment il ne reste que peu de céramiques datant d'un temps si reculé. Le principal gisement se trouve à la "Cova de l'Esperit", sur le territoire de Salses. C'était un habitat où l'on a trouvé les plus vieux vestiges de céramiques en Roussillon. A Ortaffa également on a trouvé un autre gisement. (Au Serrat Gros)

Aux alentours de -4000 l'agriculture était maîtrisée. Nous sommes dans le néolithique moyen. C'est de cette époque que datent les premières meules trouvées également à Ortaffa, mais aussi au grau de l'étang de Leucate. Il faut noter que cet emplacement est à présent sous les eaux de l'étang, ce qui prouve que son niveau est monté depuis 6000 ans.


Découverte de l'agriculture

En plus des meules, il a été trouvé des haches en pierres polies et différentes céramiques mieux finies et surtout mieux décorées. La découverte de la pierre polie a été une révolution puisqu'elle a permis d'améliorer toutes les techniques utiles de cette époque, faisant en même temps progresser le niveau de vie des habitants du Roussillon.

L'agriculture se répand, notamment avec le blé, l'orge, le seigle et le millet, mais uniquement dans la plaine, les collines des Aspres, des Albères. Les montagnes de Cerdagne ou du Capcir ne se prêtent pas à ces activités.

L'un des premiers sites où l'on retrouve cette trace est Montbolo, dont l'occupation remonte à cette époque et qui restera habité durant tout le néolithique moyen, jusqu'en 3500 environ. Mais le site de Reynès, plus au nord, est également occupé comme en témoigne un grand nombre de vestiges : Fragments de poteries, une petite hache de pierre verte polie, des éléments de colliers et un poinçon en os poli.

Vers -3000 les hommes préhistoriques découvrirent une nouvelle utilité aux poteries : la conservation des aliments. A la grotte des "Bruixes", à Tautavel, on a retrouvé pas mal de poteries dont la forme innovante ne laisse planer aucun doute sur leurs utilisations. On les appelle des vases-silos.

A partir du Ve millénaire avant JC, commence ce que l'on appelle les civilisations mégalithiques. Celles-ci se divisent grosso-modo en trois phases :

  • La première date du néolithique moyen, de la fin du Ve à la première moitié du IVe millénaire.
  • La seconde date du néolithique final, de la fin du IVe siècle au début du IIIe millénaire,
  • La troisième représente la période du chalcolithique, c'est à dire la fin du IIIe millénaire.

Les habitants du Roussillon se concentrent alors dans les moyennes collines du Conflent, avec une petite population en Cerdagne. Ils vivent alors en groupe sur un territoire d'approximativement deux kilomètres carrés, soit relativement petit. Ils vivaient dans des villages faits de cabanes de forme ovale, reliées entre elles. Certaines étaient en pierres sèches, ce qui a permis leurs conservations. Hélas, le département des Pyrénées-Orientales n'en a pas conservé, le plus bel exemplaire proche de la région se trouve sur le site de "Ca N' Isach", dans les Albères du Sud (Espagne). Ces villages étaient situés soit dans des petites plaines en bas de collines, dans un lieu propice à l'agriculture et à l'élevage, soit au fond des vallées.

Dolmen de Campoussy
Dolmen de Campoussy

Mais toujours en moyenne montagne, ce qui fait que c'est dans les Albères, le Fenouillèdes et le Conflent, un peu le Vallespir que l'on possède le plus de traces de ces civilisations.

Il faut savoir que la nature était légèrement différente de celle que nous connaissons aujourd'hui. Le climat était plus humide, la végétation était donc plus grasse, la bruyère pullulait. Des forêts recouvraient une grande partie des collines, avec d'énormes quantités de chênes pubescents, de chênes verts et de pins. En Cerdagne, le plateau où se trouve aujourd'hui les cultures était très humide, impropre à l'habitat humains. Les colonies qui existaient se trouvaient un peu plus en altitude, sur les contreforts des montagnes où se trouvent de nos jours les pistes de ski. D'ailleurs la ville de Font-Romeu possède un menhir rattrapé par l'urbanisme : Il est entouré de bâtiments.


Dolmens et Menhirs dans les Pyrénées-Orientales

La civilisation mégalithique se caractérise par l'édification de monuments en pierre. Le plus connu d'entre eux est le dolmen, fait de pierres verticales soutenant une pierre plate horizontale (la table, ou dalle). Le menhir est une simple pierre dressée. D'autres formes de monuments mégalithiques existent dans la région : les pierres gravées par exemple ("Peyra Escrita", ou pierre écrite, à Formiguères)

Les dolmens étaient des monuments funéraires, les morts d'une communauté étaient enterrés sous la dalle. La forme et la façon de construire les dolmens ont varié en fonction de l'époque. Durant le néolithique moyen, les dolmens avaient essentiellement un couloir, une chambre subcirculaire et trapézoïdal. Ceux de la deuxième phase avaient plutôt une chambre rectangulaire et trapézoïdale, on les nomme d'ailleurs "Galeries catalanes" du fait qu'il n'y a que dans cette région du monde où l'on retrouve cette structure. Enfin durant le chalcolithique les dolmens étaient tantôt les mêmes que les précédents, tantôt de simples dolmens avec un accès par un vestibule, un puits ou par une "porte-fenêtre". C'est de cette époque que date celui de Campoussy par exemple. Tous les dolmens sauf les "simples" comprennent normalement un tumulus fait le plus souvent de pierres sèches, circulaires, d'une taille relativement grande (5 à 10m de diamètre)

Dans la région et plus particulièrement dans les Albères les menhirs accompagnent les dolmens, ils n'ont pas de but en soit, ils ne sont que des ajouts aux dolmens. Ceux sont donc eux aussi des monuments funéraires. Dolmens et menhirs servaient également de frontières entre deux groupes.

On compte a peu près 130 monuments mégalithiques dans le département des Pyrénées-Orientales, la plupart de petite taille, mais d'un intérêt archéologique important. De nombreux dolmens sont creusés de cupules (comme à Rabouillet ou Enveitg). Les cupules sont des demi-sphères creusées plus ou moins profondément dans la roche qui servaient probablement à faire des offrandes. D'autres fois la gravure représentait une croix, éventuellement à plusieurs branches, rappelant la forme humaine. C'est le cas du menhir du mas Nou, photographié ci-dessous.

Le menhir du Mas Nou
Menhir du mas Nou

Le menhir du Mas Nou
Menhir du mas Nou

Le menhir du Mas Nou
Menhir du mas Nou


Les monuments mégalithes de la région ne font jamais plus de 3m, c'est à dire qu'ils sont plus petits que ceux que l'on peut trouver ailleurs, par exemple en Bretagne. La taille moyenne est même d'un mètre cinquante à peu près.

Pour citer quelques exemples, dans les Albères, existe le dolmen de "Na Christiana" sur la commune de l'Albère (le plus massif), et le dolmen de "Balma del Moro" à Laroque des Albères. D'autres ont été repérés dans le Vallespir à Arles-sur-Tech (dolmen de la "Caixa de Rotllan"), plus haut Nord à Casefabre, à Reynès, à Camélas également.

Voyez également les photos des deux dolmens d'Argelès-sur-mer, la Cova de l'Alarb et le Collet de Cotlioure.

Quand au Fenouillèdes, c'est une région riche en vestiges de cette époque, des dolmens ayant été mis au jour à Ansignan (au lieu-dit "La Rouyre"), à Bélesta, à Campoussy, à Feilluns, à Montalba-le-château, ainsi qu'à Trilla (deux dolmens).

En Cerdagne, plusieurs sites étaient habités sur les communes de Dorrès, Llo, Odeillo, Egat, Llivia.

La civilisation mégalithique s'est éteinte d'elle-même avec la découverte du traitement des métaux. Commença alors l'âge du cuivre, et avec lui la Protohistoire.

Voir la Carte des mégalithes des Pyrénées-Orientales


-1500 ans : La Protohistoire, âge des métaux

A partir de -2500 ans les hommes préhistoriques commencèrent à utiliser du cuivre pour construire les instruments dont ils avaient besoin, cette période est appelée âge du cuivre ou chalcolithique. Elle a duré jusqu'à -2500, époque où ils ajoutèrent de l'étain pour donner un alliage plus souple : le bronze.

Ce métal est adopté rapidement car il est plus malléable, il le sera jusqu'à -700.

Les objets fabriqués en bronze étaient essentiellement des poignards et des haches. On peut suivre l'évolution de l'âge de bronze par les modifications faites à ces instruments au fil du temps. On a retrouvé de tels outils à Laroque des Albères, Reynès dans les Albères, mais aussi à Villeneuve-des-Escaldes, en Cerdagne, et sur le littoral, à Canet.

Vers -1500 les peuples vivants en Europe étaient isolés mais nomades. Isolés car ils n'avaient guère de contacts avec leurs voisins, mais nomades parce qu'ils quittaient facilement leurs terres pour s'installer ailleurs. Ainsi étaient les Chamites, peuple vivant en Afrique du Nord composé de berbères et d'ibères. C'est à cette époque que les ibères envahirent, à travers le détroit de Gibraltar, la péninsule ibérique et le pourtour méditerranéen jusqu'au golfe du Lion et jusqu'à la Loire à l'intérieur des terres.

L'âge du bronze cesse vers -750 suite à la découverte de la technique du fer. Ce métal, dont le Canigou est riche, est beaucoup plus difficile à travailler (il faut le chauffer à 1500°) mais il est aussi beaucoup plus résistant. Il servira à la fabrication des armes, ce qui donnera une supériorité aux peuples le maîtrisant tôt (les Celtes). Il ne sera pas négligé non plus pour fabriquer du matériel agraire comme les houx ou des haches.

Cette technique s'est rapidement étendue dans toute la région, devenant courante. Millas, Canet, Argelès, Serralongue, Ponteilla sont des sites sur lesquels on a retrouvé des vestiges en fer. Citons également, Céret, Caramany, Prades, etc.


-1250 ans : Les champs d'urnes

Vers -1250 apparaît une technique qui, si elle ne bouleverse pas la vie quotidienne, n'en est pas moins d'une importance capitale. Dorénavant, les morts ne seront plus enterrés ni abandonnés mais incinérés, et leurs cendres seront mises dans une poterie, une urne funéraire, qui sera enterrée dans une grotte avec d'autres.

C'est ni plus ni moins l'apparition du cimetière, et cette pratique prouve l'attachement sentimental des individus les uns pour les autres.

Plusieurs champs d'urnes ont été retrouvés dans le Roussillon. L'un des plus important est à Millas (500 urnes), mais ce n'est pas le seul : Une grotte à Llo en contient un autre.

Vers -950 les nécropoles deviennent de plus en plus à l'air libre. On en a retrouvé deux qui se trouvaient à Canet-en-Roussillon (au Mas Bellevue, recouvert par un lotissement et aux hospices, recouvert par une route), et une autre à Ruscino.

Vous avez plus de détails sur ces champs d'urnes sur la page dédiée à Canet.


-700 ans : Les Ibéro-Ligures et les Kérétanis

Aux alentours du VIe siècle, d'une manière générale, les peuples qui vivaient dans la plaine étaient appelés ibero-ligures. En fait il s'agissait d'un mélange d'Ibères, qui vivaient sur la péninsule ibérique et sur le Sud de la France et de Ligures, un peuple vivant sur le pourtour méditerranéen du delta du Rhône en Italie, arrivé vers -900. Ceci explique pourquoi sur le territoire de l'actuel Languedoc-Roussillon on trouve les deux peuples mélangés.

Sur le plateau cerdan se trouvait un autre peuple, les Kérétanis. Ils étaient des paysans armés, chacun ayant son cheval et son arme de défense. Ils étaient redoutés, même des puissantes légions romaines, venues plus tard, qui ont tenté de pactiser avec eux plutôt que de les asservir. Les Kérétanis possédaient un large territoire qui allait du col de la Perche aux hautes montagnes du Berga, de la haute vallée de l'Aude et de l'Ariège et la vallée de l'Andorre, côté Est.

L'ensemble de ces peuples n'était pas des descendants directs des hommes préhistoriques. Ils ont donc conquis le littoral roussillonnais, probablement pacifiquement car il n'était pas suffisamment peuplé pour provoquer une opposition militaire à un éventuel agresseur.

Donc les Ibères, les Ligures et les Kérétanis étaient les maîtres du littoral du détroit de Gibraltar à La Spezia, en Italie. A cette époque, des grandes civilisations ont vu le jour tout autour de la Méditerranée, les Carthaginois, les Romains, les Etrusques, etc. Toutes ces civilisations étaient constamment en guerre tout en maintenant un régime commercial très offensif. C'est pourquoi ils cherchaient de nouvelles implantations, de nouvelles ressources pour pouvoir s'agrandir.


Structuration de la région

C’est à cette époque que les phéniciens, originaire de Tyr, créèrent le comptoir de Port-Vendres sur la côte rocheuse. Ce port d'attache permettra aux ibero-ligures tout d'abord, mais surtout aux Celtes, leurs successeurs d'évoluer commercialement. Ces échanges de biens furent une bouffée d’oxygène pour les habitants qui vivaient jusque là en parfaite autarcie. Ce changement commercial se transforma au fil du temps en changement social, ouvrant les mentalités. La capitale du territoire, Illibéris (Elne), fut la première ville à en profiter. C'est grâce à ces échanges qu'apparurent les premières infrastructures comme les routes (Port-Vendres était isolé), les marchés, les villages.

La région fut alors pour la première fois structurée géographiquement mais aussi socialement, la notion de peuple apparut.

On commence à retrouver dans la plaine du Roussillon des vestiges d'autres civilisations. Quelques amphores ibero-puniques, des tessons grecs de Marseille ou d'Ampourias, des objets romains, etc.

Les premières villes sont créées : Ruscino et Illibéris (Elne), qui se voient dotées de bâtiments utiles à la communauté (marchés, casernes). Les rues sont dessinées, des remparts défensifs sont érigés. Les habitants de la région ne sont plus des sédentaires vivant sous des abris précaires, ils se civilisent. C'est le début de l'Antiquité.



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