Les Pyrénées-Orientales sont riches d'une très grande quantité de mégalithes datant du Veau IIe millénaire avant JC, c'est à dire à l'époque du néolithique. On compte un grand nombre de dolmens, mais aussi pas mal de menhirs, et quelques gravures rupestres, dalles et pierres gravées d'époques différentes. Certains sont plus connus que d'autres, la fréquentation du grand public étant proportionnelle à leurs accessibilité. D'ailleurs ces mégalithes ne sont pas répartis uniformément sur le département des Pyrénées-Orientales. Par exemple la plaine est quasi exempte de ces vestiges, c'est normal, elle était trop inhospitalière, à cette époque, pour être habitée, il ne s'agissait que d'un grand marécage. Les Corbières sont également pas représentés, les traces d'activités humaines dans cette région sont beaucoup plus anciennes.
Les régions les mieux représentées sont le bas-Conflent, le Fenouillèdes, les Albères, et dans une moindre mesure la Cerdagne, ce qui est plus surprenant vu le climat difficile que devait être cette région durant le néolithique. Le Capcir et le Haut-Conflent ont eux aussi quelques mégalithes, mais pas énormément. En fait cette répartition est tout à fait logique, elle correspond à l'habitat des hommes du néolithique qui s'abritaient dans les collines peu élevées de la moyenne montagne et pas en plaine marécageuse ni en haute montagne, trop rude. D'ailleurs la carte ci-dessus est représentative de cette répartition : La plupart des monuments mégalithiques des Pyrénées-Orientales entoure la plaine du Roussillon sur la zone de moyenne montagne. Deux remarques sont à faire, toutefois : La présence des mégalithes en Cerdagne montre un présence de l'homme néolithique sur les positions dominantes de la plaine cerdane, c'est à dire sur les flancs des montagnes dominant cette plaine (Llo, Eyne, Enveitg, Egat), et l'absence de mégalithes dans les Corbières, une région trop aride pour s'y protéger.
Dans les Pyrénées-Orientales ont retrouve essentiellement des dolmens. Il y a quelques menhirs et, plus rarement, des dalles gravées.
Les dolmens sont des chambres funéraires collectives. Ils ont été construits entre les Veau IIe millénaire avant JC (en Europe, plus tardivement en Orient). Ceux, plus spécifiques, des Pyrénées-Orientales datent plutôt dans la tranche IV-IIIe millénaire, sans que ça soit une règle intangible. Les dolmens actuels sont bien loin de la réalité de l'époque de leur construction, ils étaient plus complet que les restes qui nous sont parvenus.
Un dolmen est composé de parois verticales faites de pierres plates disposées verticalement sur 3 côtés, délimitant ainsi une chambre carrée, rectangulaire ou trapézoïdale (comme le dolmen de la cova de l'Alarb, à Argelès-sur-Mer). On les appellent les orthostates. Elle est recouverte d'une lourde dalle, une pierre plate nommée "dalle de couverture". Pour que le tout tienne en équilibre cette structure était renforcée d'un amas de pierres et de terre, le tumulus, qui arrivait généralement jusqu'à la hauteur de la dalle de couverture. Vu de l'extérieur, le dolmen était donc un gros tas de terre cachant une chambre de pierres. Pour accéder à la chambre le tumulus était percé d'un couloir. Plus le tumulus était large, plus le couloir était long.
Les dolmens des Pyrénées-Orientales sont faits des pierres trouvées sur place, localement. Dans les Aspres, les Albères et le Conflent ils sont en schiste, alors qu'en Capcir et Cerdagne ils sont en granit, une matière beaucoup plus lourde. La forme des dalles est influencée par l'environnement : Le granit étant plus dur à tailler, les dalles sont peu taillées en Cerdagne, les rochers sont plus épais. Ils sont plus ronds aussi car le granit est une pierre roulée, donc naturellement arrondie. A l'opposé le schiste des Aspres est tranchant, les orthostates sont de fines lames parfois coupantes. Les dalles de couverture y sont plus légères, plus fines. Dans le Conflent on va trouver des pierres marnières, plus légères et effritables. Les orthostates sont alors souvent massifs, ils ont une forme de poire.
Ci-dessous, de gauche à droite :
Le dolmen était une chambre funéraire, il s'agit donc d'une tombe. Son usage n'était pas unique, un dolmen était réutilisé régulièrement pour y déposer les morts de la communauté vivant à proximité. Dans les dolmens les plus récents on peu encore trouver des restes d'objets métalliques des époques tardives, celles de la protohistoire.
Les menhirs sont de simples pierres dressés vers le ciel, parfois taillé grossièrement. Plus qu'un monument en soit, c'est souvent leurs alignements qui en font l'intérêt. Les Pyrénées-Orientales ne sont pas une terre de menhir, c'est à dire qu'il y en a bien quelques-uns, amsi ce n'est rien par rapport à d'autres régions, en premier lieu la Bretagne. Les menhirs de l'Est-pyrénéens sont plus petits, ils mesurent rarement plus de 2m de haut là où les menhirs bretons font souvent plus de 3m. Ici, ils sont isolés, plantés au centre d'un terrain plat, parfaitement visibles de loin. La majorité se trouvent en Cerdagne, à peu près aux mêmes endroits que les dolmens, mais ce n'est pas une généralité puisqu'on peut en voir dans les Aspres et en Conflent.
Les dalles gravées sont des dalles sur lesquels nos lointains ancêtres gravèrent différentes formes pour des raisons inconnues. On peut imaginer qu'ils reproduisaient des scènes de la vie quotidienne lorsqu'il s'agit de formes humaines ou animales, mais leurs motivations à graver des formes géométriques nous échappent. Il s'y peut-être de notions religieuses.
Les Pyrénées-Orientales possèdent deux très belles dalles gravées, elles sont accessibles librement, dans la campagne. Mais librement ne signifie pas facilement, il faut quand même vouloir les atteindre, les chemins ne sont pas si simples que ça. La première est à Glorianes, dans le Conflent. Il s'agit d'une dalle de schiste orientée plein Sud, elle mesure à peu près 2m de haut sur 3m 50 de long, elle est penchée à peu près à 45° par rapport au sol. On peut y voir des gravures représentant pas mal de symboles différents : des croix, des fleurs stylisés, des rectangles, des spirales, bref tout un tas de formes géométriques. Au milieu de ces formes, on distingue très nettement un oiseau (30cm de longueur), un guerrier armé d'une lance et un masque. Ceux sont ces trois représentations qui donnent son importance à cette dalle.
En savoir plus : Dalle gravée de Glorianes.
L'autre est à Formiguères, dans le domaine des Camporells, à l'Ouest du village. Cette dalle est magnifique pour la qualité de la conservation des gravures. Elle l'est aussi pour la représentation elle-même : un être humain est rarement représenté dans la région, généralement ce sont plutôt des formes géométriques. Vous avez sur sa page un schéma le représentant (Dalle gravée de Formiguères).
La région n'a pas que ces deux grandes dalles gravées, on a retrouvé à différents endroits des régions d'habitat du néolithique des gravures sur des rochers de taille plus modestes. Citons par exemple le "roc del Moro" ("Rocher du maure", en référence aux sarrasins ayant occupé le territoire au VIIe siècle. C'est une pierre sur le territoire de Felluns gravé de cupules. Une cupule, c'est un trou semi-hémisphérique creusé dans une roche qui était destinée, semble t-il, aux offrandes. Ce rocher est aussi connu sous le nom de "Roc de les Corts", ou rocher de "Las Corts". Sur la même ligne de crêtes, à Felluns, on trouve d'autres rochers gravés de cupules. L'un au Sud du dolmen, près de la route, un autre un peu plus haut, au bord du chemin qui mène vers le Roc de las Corts (à 200 m environ à l’ouest du dolmen). Enfin un quatrième rocher a été identifié sur la droite du torrent, près d’un casot (300m environ du dolmen)
Etant une terre habitée depuis les plus anciens temps, le territoire des Pyrénées-Orientales est riche en grottes préhistoriques. La plus ancienne est de loin la plus connue, il s'agit de la fameuse Caune de l'Arago, à Tautavel, une grotte ayant abritée le plus vieil européen jamais retrouvé : L'homme de Tautavel. Nous sommes là 450 000 ans avant notre ère, près de 100 000 ans avant la domestication du feu. Cette grotte est fermée au public, mais des campagne de fouilles y sont organisées chaque année, permettant de remonter de plus en plus loin dans le temps.
Autre grotte connue, la grotte de Montou est un habitat bien plus récent, il date du néolithique. Elle se trouve sur la montagne de Montou, à Corbère-les-Cabanes. De même que la grotte de Bélesta, une cavité ayant abrité nos lointains ancêtres du Fenouillèdes. Cette grotte est encore plus intéressante que celle de Montou car on y a trouvé du matériel d'époque. Tous ces objets que l'on en a extrait sont exposés dans le musée de la préhistoire de Bélesta, un musée construit spécifiquement pour ça tellement cette découverte a été importante. Ce musée présente de nos jours des éléments historiques d'autres époques.
Voici une liste qui tente d'être la plus exhaustive possible des dolmens, menhirs et gravures rupestres du département. Elle est triée par région et le village où on peut le voir est indiqué.