Situé sur la partie Nord des Aspres, tout près de sa voisine Corbère-les-Cabanes, Corbère est un village assez dense, resserré sur son coeur de ville. Plus important en nombre d'ahbitants que Corbère-les-Cabanes, elle a aussi un passé riche dont les vestiges des époques précédentes dominent le village.
On est là dans une ville typiquement catalane, avec des rues larges et longues sur la partie extérieure et étroites et courtes dans le coeur de ville. Au centre la circulation est difficile, il vaut mieux, si on se ballade par-là, garer son véhicule à l'extérieur, il y a quelques petits parkings pour ça. La ville est dotée de quelques aménagements, mais rien d'extraordinaire, juste le nécessaire pour les habitants : Une aire de jeux pour les enfants, une place principale aménagée, un lieu de villégiature pour s'amuser / se reposer, et une belle fontaine en sont des exemples. La mairie a été curieusement envoyé au fond du village, dans une zone où l'on peut facilement se garer. On imagine qu'elle était autrefois en plein centre, dans un de ces anciens bâtiments qui sont maintenant reconvertis en salles communales, bibliothèques ou autres.
La vie sociale à Corbère est assez marquée, les liens entre les habitants sont d'autant plus forts que le village n'est quasiment qu'un coeur de ville, il n'y a que très peu de maisons modernes. or, on le sait, les maisons modernes construites en périphérie sont souvent habitées par des personnes étrangères au village, historiquement parlant, et il est plus difficile pour les municipalités de faire du liant entre les vieilles familles du village et les nouveaux arrivants, et ça d'autant plus que la ville est grande. Mais ce n'est pas le cas ici, où la ville a une taille relativement réduite et une population marquée par la sédentarité sur ces terres, d'où des liens sociaux plus forts qu'ailleurs. D'ailleurs malgré le relatif éloignement de Corbère avec la vallée de la Tet, il y a de nombreux évènements organisés ici, bien plus qu'il ne devrait y en avoir en temps normal. C'est la preuve que le village attire des personnes d'ailleurs, pour les festivités.
Corbère est un village à la limite entre deux mondes, celui de la vallée de la Têt, peuplé et dynamique, et celui des Aspres, plus isolé et replié sur lui-même. Et c'est cette particularité qui en fait un village intéressant à vivre.
Histoire
Préhistoire et Antiquité
Le site de Corbère était un lieu d'habitat préhistorique au néolithique. A -60 000 ans, des hommes y ont séjourné suffisamment longtemps
pour que l'on retrouve des restes humains (ils enterraient leurs morts), ainsi que des traces de feu, et des reliefs de repas pris dans la
grotte (cervidés, ours et bouquetins)
Après la période Ibéro-ligures, puis celte (-500), les romains envahirent la région (-121). Ceux-ci, particulièrement bien organisés,
structurèrent les terres sur la base de domaines agricoles, mais cette éventuelle présence n'est pas confirmée par des vestiges. A la chute
de l'empire romain, ni les wisigoths (412), ni les sarrasins (735) n'ont laissé de traces sur le site. Il faut dire que ces deux peuples
n'ont quasiment pas bâtis et leurs restes sont très rares.
Les premières paroisses : St Pierre et St Julien
Il faudra donc attendre l'arrivée des carolingiens en 811 pour que naisse le système féodal. Les soldats de Charlemagne ayant conquis le
territoire, ils firent venir des moines, la plupart du temps de l'empire sarrasin au Sud, pour bâtir des grandes abbayes qui, au fil du temps,
essaimèrent des chapelles un peu partout dans la région.
C'est ainsi qu'apparurent les chapelles de St Pierre du Bosc et de St Julien de Benazet, dite aussi St Julien de Vallventosa ou St Julien
d'En Braset. Ces deux chapelles vont fédérer les familles venues s'installer dans ces collines, formant des petites paroisses durant le haut
Moyen-âge.
Vallventosa, qui est cité dès 945 était une paroisse assez prospère semble t-il. En 1230 on le trouve dans un acte d'un certain Guillem de
Taltahull (Tautavel) à qui Pons de Vernet inféode un honneur sis sur " les territoires de Millas, Corbère et
Vallventosa". Un siècle et demi plus tard, en 1395, l'église est à nouveau cité dans un autre document, mais en tant "qu'église rurale". Ca
signifie que l'église est abandonnée, qu'il n'y a plus assez de personnes pour qu'elle se maintienne. Le hameau a donc eu une vie assez brève,
mais c'était le cas de beaucoup d'autres hameaux de la région, il n'y a rien d'exceptionnel à ce phénomène. (Sur la carte, Vallventosa se trouve
au Sud-Est de Corbère, il est indiqué "l'église d'En Benazet".
En parallèle, la paroisse de St Pierre du Bosc est cité en 1163, elle appartenait à la jeune abbaye
St Martin du Canigou. La paroisse restera en activité plus longtemps, elle ne sera
définitivement abandonnée qu' au XVIIe siècle suite à la construction de l'actuelle église, plus grande et dédiée également à St Pierre.
C'est la raison pour laquelle St Pierre est toujours debout aujourd'hui.
Apparition de Corbère de Dalt
Au XIIe siècle, un château va être construit sur la colline dominant la Têt. Aussitôt les populations s'agglutinent autour de ce château
afin d'en trouver la protection, et c'est ce nouveau village protégé qui est la véritable origine de Corbère, connu sous le nom de "Corbère
de Dalt". De nos jours, c'est un village ruiné. On peut assez facilement imaginer qu'à cette époque les paroisses de Vallventosa et St Pierre
du Bosc n'étaient plus en possession de l'abbaye de St Martin du Canigou mais d'un seigneur temporel. On trouve un trace de la possession de
Corbère par Pons de Vernet en 1261, soit près d'un siècle après la construction du château. Pons de Vernet était un puissant seigneur du
Roussillon, possesseur de nombreuses paroisses qui lui assuraient son influence auprès des comtes de Barcelone, tout juste devenus rois d'Aragon.
La lignée des seigneurs de Corbère commence à peu près à cette époque. Bernat de Corbera, seigneur de Corbère est cité en 1266 et en 1269.
Cette famille n'aura pas la même importance que celle de Vernet, mais elle a pu traverser les époques tout en gardant la seigneurie. Voyez
ici la généalogie des seigneurs de Corbère.
Avant le XVe siècle Corbère appartenait à la famille Gagariga. Son dernier seigneur, François, était conseiller du roi d'Aragon Martin
l'humain. Or sa fille Marguerite s'est mariée avec Bernard d'Oms, deuxième fils de Bérenger III. Marguerite a apporté Corbère en dot à son
mari, qui a fondé une nouvelle branche de la Famille Oms. Egalement châtelain de Perpignan, Bernard d'Oms eu un fils Louis qui pris sa
succession, mais celui-ci étant décédé sans héritier, c'est son frère Charles qui pris le titre de seigneur de Corbère. Plus occupé par les
évènements du XVe / XVIe siècle à Perpignan, Corbère est laissé de côté par ses seigneurs. Charles eu Bernard, qui eu Louis, qui eu Jean
qui eu Marie, sa fille unique. Celle-ci s'est mariée avec Louis de Llupia, et la seigneurie de Corbère passa aux mains de la famille de
Llupia à la fin du XVIe siècle.
Par la suite, le village n'aura pas d'interaction particulière avec l'histoire locale. Ses administrateurs successifs sont des personnages
relativement importants, ils ont des fonctions autres, plus importantes à leurs yeux, ce qui fait que Corbère se développera tranquillement,
comme n'importe quelle autre village agricole du Ribéral.
Le village actuel
A partir du XVIIe siècle, mais plus rapidement à partir du XVIIIe, les habitants n'eurent plus besoin de la protection immédiate du château.
Les moyens de communication, les nécessités de la guerre ont donné à la population d'un village le temps de se protéger avant d'être menacé par
une armée. Du coup, plusieurs familles construisirent des habitations au Nord du château, formant d'autres petits hameaux. Au XVIIe siècle,
l'église St Pierre du Bosc était trop petite pour la population locale, on construisit une seconde église St Pierre, et le lieu choisi fut
celui de ces nouveaux hameaux. Ainsi fut construite l'église paroissiale actuelle, autour de laquelle se concentrèrent à nouveaux les habitants,
vidant les lieux de St Pierre del Bosc et Corbère de Dalt au profit de cette nouvelle paroisse. Le Corbère actuel était né.
Ce n'est pas parce que Corbère devient une paroisse plus grosse que les hameaux alentours furent totalement abandonnés. L'un d'eux continua
à grandir, si bien qu'au XIXe siècle il fallut diviser la commune en deux, les habitants de Corbère et du "hameau des cabanes" en venant aux
mains régulièrement. C'est là l'origine de Corbère les Cabanes, sera créé officiellement en 1856 sur une
partie du territoire de Corbère.