Situation et accès
La Via Domitia est une route romaine traversant la plaine du Roussillon. Elle apparait dans l'actuel département des Pyrénées-Orientales dans les Corbières, le long de l'étang de Salses, passe à Salses, St Hippolyte, près de Bompas, arrive à la capitale celte Ruscino et poursuit vers Elne, Le Boulou, Le Perthus où elle quitte le département vers l'Espagne en passant par le col de Panissars.
On trouve des traces de cette route par endroit, le lieu le plus connu étant à Panissars, au-dessus du Perthus.
Coordonnées GPS : 2.8438716660 N, 42.4795306400 E.
De quoi s'agit-il ?
La Via Domitia est une voie d'accès créé sous l'empire romain, par Dominus Ahenobarbus pour relier Beaucaire dans le Gard au
Perthus, traversant le Languedoc, le passage étroit entre les étangs marécageux et les
Corbières, le Roussillon, et enfin les Albères. D'ailleurs pour passer les Pyrénées cette voie se séparait en deux. Une partie
orientale passait par la côte et le village de Portus Vénéris (Port-Vendres) et l'autre passait par le col du Perthus, via le
village de Clusa. Dès l'invasion romaine, cette voie s'est montrée nécessaire pour relier rapidement les provinces de l'Espagne
à Rome.
L'Etalonnage
Cette voie était divisée en étapes matérialisées par une borne nommée "Milliaire" (un mille romain équivaut à 1481 mètres et une fraction actuellement).
Certaines de ces bornes symboliques ont servi d'étapes de voyage tout comme nos modernes aires d'autoroutes, il y avait alors une villa romaine dotée de
fourrage et de chambres pour les voyageurs. Le trafic allant croissant au fil des âges, d'autres villas se greffèrent autours de l'étape et c'est ainsi
que se sont montés certains villages dans le Roussillon : Saint Hippolyte,
Saint-Laurent de la Salanque, Salses, etc.
Les "bornes milliaires" sont des monolithes d'environs 2 mètres de haut gravés du nom de l'empereur qui l'a fait érigée. La première borne est à 2 Kms
à l'ouest de Beaucaire, dans le Gard, sur un site en cours de réaménagement. Partant de là, vous pouvez suivre le sentier existant encore qui vous mène à
d'autres bornes, la plupart encore en état, et ce jusqu'au Perthus.
Le Problème de la mesure
Une remarque amusante sur la Via Domitia : Successivement 4 empereurs ont étalonnés la route, chacun érigeant une borne milliaire là où il estimait un
1000 pieds passés, mesure évidement légèrement différente de celle qui a été mesurée par son prédécesseur. Petit à petit, l'écart entre chaque étalonnage
se creuse si bien qu'au point de départ (Beaucaire), l Via Domitia comprend 4 bornes, mais que celles-ci s'éloignent les une des autres rapidement. Ainsi
si vous trouvez une borne quelque part dans les Albères, il vous faudra lire le nom de l'empereur gravé
dessus pour savoir à quelle mesure elle correspond... et connaître ainsi sa date de pose !
La plus célèbre des bornes dans le Roussillon est probablement celle qui est conservé dans l'église de
Saint Hippolyte. Mesurant 1m 05 et de 42 cm de diamètre, elle porte l’inscription suivante : Flavio Valerio
Constantino noblissimo Caesari… (A Flavius Valérius Canstantin très noble César…), ce qui nous permet de définir l’age de St Hippolyte : aux alentours de
330, règne de Constantin le Grand.
La Construction
La voie elle-même était une route non pavée (hormis lors de la traversée des agglomérations, et peut-être aux carrefours importants) dont les joints
ont été faits à la longue par l'usure naturelle des pierres. Pour franchir les cours d'eau des ouvrages d'art on dû être construit, mais je n'ai pas
d'exemple pour l'instant. En Roussillon, le franchissement de la Têt à probablement été résolu par un passage à gué au niveau de
Ruscino (Actuellement entre Bompas et
Château-Roussillon, à l'emplacement d'un gué routier). Le niveau de l'eau a toujours été assez faible sur
cette portion. Quand à l'Agly et le Tech, ces rivières étaient infranchissables en l'état, les courants étant plus forts.
Aucun ouvrage d'art n'a pourtant été construit, il faut donc supposer que les voyageurs franchissaient le cours d'eau à bord d'embarcations. A moins
que l'on découvre dans le futur des ponts datant de cette époque, ce qui n'est pas impossible, l'archéologie nous offrant de nouvelles découvertes très
régulièrement.
L'Entretien
L'entretien de la Via Domitia a toujours été rigoureux. Il faut dire qu'il s'agissait du seul moyen de communication de l'Espagne à Rome, aussi
était-il normal de lui consacrer toutes les attentions. Les restes de cette voie que l'on trouve encore de nos jours prouvent les soins qui lui ont été
accordé. En Roussillon, on peut toujours en voir des portions entre Torreilles et Bompas
par exemple, près d'un petit pont beaucoup plus récent, mais aussi au Nord du château de Salses sur les terrains dégagés. Des bornes milliaires se
trouvent également plantées au milieu des Albères, la plus célèbre est conservées dans l'église de
Saint Hippolyte.
Les autres voies du département
La Via Domitia n'était pas la seule voie romaine importante de la région. Pour passer en Cerdagne, ceux ci avaient créé une deuxième voie, qui
poursuivait à travers les Pyrénées en direction d'Urgel puis vers le centre de l'Espagne : La Via Confluentana, qui se transformait en Via Cerdana
sur le plateau cerdan.
Voici une carte des différentes voies qui existaient à cette époque en Roussillon.
Légende :
- Portus Vénéris : Port-Vendres
- Illibéris : Elne
- Aquae Calida : Amélie les Bains
- Custoja : Coustouges
- Clusa : Les Cluses