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Les Orgues d'Ille




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Situation et accès

Les orgues d'Ille se trouvent sur la rive gauche de la Têt au niveau d'Ille sur Têt, entre l'ancien monastère de Régleilles et l'ancien hameau de Casenoves. Pour y aller il suffit de suivre la Nationale jusqu'à Ille-sur-Têt, c'est là qu'il faut sortir. Ensuite, c'est indiqué, tout simplement.


Coordonnées GPS : 2.6120589440 N, 42.6777209100 E.


De quoi s'agit-il ?

Les orgues d'Ille sont une curiosité géologique du Ribéral, le long de la Têt. Comme leurs noms l'indiquent, ils se trouvent à Ille-sur-Têt.

Lorsqu'on les contemple, de nos jours, on ne voit qu'un ensemble gracieux de dentelles, de replis soyeux d'improbables étoffes qui auraient été abandonné là par hasard. Le site, assez grand, présente ces falaises avec une variété de couleurs et de formes impressionnantes, il faut d'ailleurs le visiter en plusieurs fois, à différentes heures de la journée, pour prétendre en avoir vu tous les aspects. Certaines de ces falaises sont abruptes, d'autres le sont moins.

Elle mesure régulièrement de 10 à 12m. Il y a même une roche abandonnée des autres, isolée près du centre d'un cirque. On appelle ces pics isolés les "demoiselles coiffées", ou "cheminée de fées", en raison de la partie supérieure, dure et qui les chapeaute. Il y a aussi les tuyaux d'orgues, à flanc. Ces falaises ont été sculpté par le vent, mais d'autres facteurs sont entrés en jeu pour parvenir à ce résultat : l'érosion, l'eau coulant du plateau au-dessus vers la Têt, le fleuve côtier tout proche, et le soleil, qui a "cuit" la terre argileuse mêlée aux roches friables et qui donne les lignes de couleurs horizontales que l'on voit parfois.

La végétation est riche, elle est méditerranéenne et se compose essentiellement d'arbustes épineux et de chênes verts. La flore, c'est aussi l'une des richesses du site.

Depuis quelques années le site n'est plus en accès libre, il a été transformé en attraction touristique d'envergure régionale et attire de nombreux visiteurs chaque année qui découvre l'espace naturel méditerranéen (près de 50 000 visiteurs)


La visite

Lorsque l’on visite les orgues d’Ille on se retrouve à suivre un sentier qui mène au site. Une fois à l’intérieur le chemin se poursuit mais il est relativement court, la visite est somme toute assez rapide. Tout au long de la visite, du départ au chemin du retour, on découvre des informations sur la géologie du lieu.


L'origine des orgues : Les torrents

Et ça commence dès que l’on sort de l’accueil, le seul bâtiment du site dans lequel on prend ses tickets, se restaure, et si on le souhaite on achète un ou deux souvenirs. On commence le chemin en apprenant que nous sommes ici en Ribéral, du nom de la vallée de la Têt située entre le dernier rétrécissement des montagnes, en Conflent, et l’ouverture sur la plaine du Roussillon. Au Sud se trouvent les Aspres, une zone montagneuse faite de schistes et donc aride et au Nord il y a le plateau de Montalba, fait de blocs granitiques roulés. Ici deux petits torrents se rejoignent : la Reixte et le Pilo d’En Guil. Ils sont habituellement à sec mais peuvent, lors des pluies d’automne, devenir d’une grande violence.

Le Pilo prend sa source sur le plateau de Montalba et descend le long du chemin menant aux orgues, c’est lui qui provoque, de temps à autres, des travaux d’aménagements suite à des dégâts. Quels dégâts peut faire ce petit ruisseau de rien du tout ?

Des dégâts énormes ! A cet endroit il mesure moins de 4m de large, et il concentre une bonne partie de l’eau déversé par les pluies sur le plateau. Ce lieu est alors un énorme goulot d’étranglement, et la force qui s’en dégage est vraiment impressionnante. Il ne faut donc pas se fier à petit filet d’eau qui coule habituellement, on est ici sur un vrai torrent capable d’être dévastateur. C’est à cet endroit que l’on voit les différentes couches stratigraphiques : La paroi de la colline ravinée offre à la vue les différentes couches de graviers et de galets qui se succèdent, couches qui ne sont pas dû au hasard mais à la puissance du torrent à différents moments de sa vie : Les roches les plus lourdes ne sont projetées que lors des gros évènements, alors que les sables le sont en fin de crue, plutôt.


Les colonnes et leurs destructions permanentes

L'entrée du site proprement dit se fait par un cirque impressionnant de colonnes mesurant 10 à 12m. Autrefois c'était un pan de montagne plein, mais l'érosion a sculpté peu à peu ces formes géométriques caractéristiques. Si vous revenez aux orgues après quelques mois vous serez surpris de constater que le site a changé. Evidemment, c'est l'érosion naturelle qui modèle ce paysage, mais il le fait à une vitesse surprenante puisqu'à chaque pluie une énorme quantité de sable s'effondre, faisant disparaître certaines colonnes, et remodelant d'autres, créant une nouvelle rangée ou un drapé différent que celui qui existait précédemment. Le fait que chaque pluie fait bouger le décors est une des caractéristiques du site des Orgues, au contraire d'autres sites géologiquement proche mais plus table, comme par exemple les sites du col de Ternère, un peu plus loin dans la vallée, ou de Millas. Si vous regardez le cirque vous n'aurez pas de mal à le visualiser tel qu'il était il y a de nombreuses années, avec des falaises pleines, proches de la Têt.

De façon plus pragmatique les roches sableuses que l'on voit ici sont nommées "demoiselles coiffées", en référence à des lambeaux de terre végétale recouvert la montagne restant au sommet des colonnes sableuses lors des effondrements et qui forment comme un chapeau à ces colonnes. L'autre nom de ces colonnes est aussi "Cheminée de fées".

Lors des fortes pluies la couche de terre végétale est emportée en contrebas, vers la rivière. Ce sont bien sûr les parties les plus fragiles qui partent en premier, celles peu protégées par la végétation. Une fois la couche sableuse atteinte une ravine se forme rapidement, agravant l'érosion au fil du temps. Cette érosion n'est pas régulière, elle dépend de la densité du sable. Chaque couche de sable a une densité différente, on les repère en regardant les différentes couleurs des colonnes, toujours la même horizontalement. Peu à peu les formes des colonnes apparaissent et ces dernières s'amincent.

Le site montre l'importance de la coiffe. Plus la couche végétale, la toute première, est solide, plus la colonne est grande.

Lorsqu'il pleut, les gouttes d'eau tombent sur les formes et font perdre un peu de sable. Mais les parties les plus verticales sont moins érodées que les autres, c'est dû au fait que chaque goutte tombée sur un plan vertical emporte peu de sable, alors que celles tombées sur les plans inclinées en emporte beaucoup. Il en résulte qu'une fois formée, les colonnes elles-mêmes bougent peu, ce sont les ravins entre les colonnes qui se creusent vite. On a donc un creusement des ravins qui forment les colonnes, pas un effondrement des colonnes formant des ravins. D'ailleurs se phénomène se voit mieux sur les incisions en tuyaux d'orgues, plus marqués sur les pentes les moins raides. L'eau s'y concentre en emporte plus de sable, préfigurant les futurs ravins.

Il faut aussi savoir que la chaleur participe à la destruction des falaises sableuses, chaque grain se gonflant et se rétractant sous l'effet de la chaleur il se détache peu à peu de ses voisins. Et bien sûr, on constate le même phénomène avec l'humidité.


La végétation

La végétation joue un rôle important dans l’érosion des sols. C’est particulièrement visible ici où l’on voit que les roches à nus sont bien plus érodées que les autres, preuve de la nécessité de conserver de la végétation sur les sols.

Juste au bord du lit du torrent on trouve différentes variétés de végétaux adaptés à cet environnement : Le robinier, l’aulne glutineux, le lierre. Ils ont tous pour caractéristiques de ne pas avoir de racines qui pourrissent dans l’eau et d’avoir la capacité de ne pas s’asphyxier si ils y restent longtemps. L’avantage de cette flore est que leurs racines maintiennent les berges, ils les solidifient.

Si l’on s’éloigne un peu des orgues, on constate que son environnement est fait essentiellement de maquis, c’est une succession d’arbustes épineux, denses, qui s’étalent sur des vastes zones argileuses. Sur le plateau il y a essentiellement des restes de forêts méditerranéennes, surtout des pins parasols. On les voit le long de la ligne de crêtes, quand on est sur place.


Les cultures locale

Une des caractéristiques du Riberal, c'est la bonne qualité de sa terre, propice à la culture. Mais pas partout, hélas. Cette zone au Nord de la Têt est au contraire très peu fertile, mais ce n'est pas pour autant qu'elle n'a jamais été cultivée. Ce sont les terres des pauvres, celles qui n'ont été cultivées qu'une fois les autres l'ont été. Elles ont été travaillées à partir de la fin du XIXe siècle, par des immigrés espagnols venus chercher de quoi mieux vivre au Catalogne Nord. Mais l'aridité des sols imposent uniquement 4 cultures : La vigne, l'olivier, l'amandier et le figuier. Du coup c'est tout ce qu'on pouvait cultiver ici, et ça jusque dans les années 60, époque durant laquelle des travaux d'irrigation furent entrepris. C'est à ce moment que les cultures de terre sèche furent remplacées par des pêchers, essentiellement des pêches de vigne, petites et sucrées, qui sont désormais une caractéristiques de cette partie de la vallée.

Mais cette embellie ne fut que de courte durée : Dans les années 70, la crise agricole provoqua la disparition des agriculteurs locaux, et le territoire des Orgues redevint des friches. C'est ainsi que l'on trouve de nos jours des terres du site : De grandes friches dans lesquelles la nature a repris ses droits.


La formation géologique

La formation géologique du site des orgues d'ille a été faite en cinq grandes étapes. La plus ancienne est celle correspondant à la formation des Pyrénées, il y a environ 45 millions d'années. Il s'agissait alors d'une gigantesque montagne née du heurtement de la plaque hispanique avec le continent européen qui a abouti à la constitution de cette montagne qui s'étendait jusqu'en Provence. Puis, vers 30 millions d'années, la partie Est s'effondre et se forme alors la mer méditerranée. Elle restar ainsi jusqu'à peu près 5.8 millions d'années, une époque durant laquelle l détroit de Gibraltar se ferme, asséchant la mer dont le niveau baisse alors d'un kilomètre et demi. Arrive alors, 500 000 ans plus tard, la réouverture du détroit, engendrant une montée des eaux jusqu'à un peu plus que son niveau actuel. Un bras de mer arrive jusqu'au col de Ternère, avant Vinça, et c'est de cette époque que date l'amoncelement de sable qu'il y a toujours de nos jours. Cet phénomène est aussi augmenté par l'apport en sable des plateaux granitiques de Montalba, au-dessus des Orgues, il y a 5 à 3 millions d'années.





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