Description
Photos
Situation et accès
Histoire
Situation et accès
Le barrage de Vinça est évidemment sur le territoire de Vinça, une ville à l'entrée du Conflent, encore dans la plaine. Pour s'y rendre c'est très simple, il suffit de suivre la Nationale montant en Andorre, le lac du barrage est sur la droite. Si vous voulez vraiement aller au barrage vous devrez prendre la sortie juste avant le lac, c'est une petite route menant à un parking. Quand vous êtes à Rodès surveillez votre côté droit, vous verrez l'accès.
Une fois garé sur le parking suivez la route goudronnée sur 500m, vous arrivez sur le barrage. Vous pouvez le traverser sans problème.
Coordonnées GPS : 2.5441500000 N, 42.6576140000 E.
De quoi s'agit-il ?
Le département des Pyrénées-Orientales est richement équipé en barrage hydraulique. Cet état de fait vient du début du XXe siècle, l'époque de la construction
du petit train jaune, qu'il fallait alimenter en électricité. Mais pour le barrage de Vinça ce n'est vraiment pas la
raison pour laquelle on s'est lancé dans sa construction. Non, le barrage de Vinça a été construit pour réguler la Têt et limiter les crues, tout simplement.
Le barrage de Vinça de nos jours
C'est une construction de 1976, commencé deux ans plus tôt. Un chantier titanesque mettant en jeu deux téléphériques, une centrale de fabrication de ciment et
des kilomètres de routes plus ou moins sinueuses. Un chantier qui a modelé le paysage catalan.
Le barrage
Le barrage de Vinça est un barrage-poids légèrement courbé, tout comme celui de Puyvalador construit 50 ans plus tôt. Il mesure
55 mètres de haut, 6m de largeur sur la crête et 191m de longueur. Il a nécessité 142 000 tonnes de béton, béton fabriqué dans une usine construite temporairement et
utilisant les matériaux locaux par broyage des roches calcaires pour transformation en ciment.
Le barrage est un écrêteur de crue, il dispose de 2 ouvertures rectangulaires de fond (on les appelle des pertuis vannés), chacun mesurant 4m par 5, soit une
surface d'ouverture de 40m2 au total, et deux pertuis bien plus large de surface, de 16,30m x 7,30 permettant l'évacuation de 2000m3 d'eau seconde chacune. Le débit
total d'évacuation du barrage de Vinça est de 5000m3 seconde.
Le lac artificiel
Le barrage de Vinça à une capacité de rétention d'eau de 25 millions de mètres cubes. Le
lac artificiel noie un ancien village abandonné qui se trouvait un peu en contrebas, dans la vallée. Il mesure 5Kms de long sur 1,2Kms de large. Il est impraticable,
il est interdit de pratiquer une quelconque activité nautique dessus.
Le lac artificiel
Par contre il existe un autre plan d'eau, de l'autre côté de la Nationale qui passe au-dessus de
la digue : C'est le lac des Escoumes, une base nautique à proximité immédiate de Vinça. Les deux
plans d'eau sont reliés par un déversoir construit en même temps que le barrage.
Le barrage de Vinça est exploité selon un agenda annuel en trois phases. rois périodes d’exploitations : Du 1er janvier au 30 juin, soit la moitié de l'année, on
est dans la phase de remplissage. La fonte des neige et les pluies de printemps remplissent peu à peu le lac, écrêtant éventuellement une crue. Ensuite, du 1er juillet
au 15 octobre il est en phase de soutirage, peu à peu il se vide pour préparer l'année suivante. A partir du 16 octobre et jusqu'au 31 décembre le barrage est vide,
on est dans la phase d'attente de remplissage.
Hélas le barrage de Vinça ne se visite pas. Tout au plus on peut circuler librement sur la route qui le traverse, menant de l'autre côté de la vallée vers des sentiers
pédestres qui descendent jusqu'au pont romain de Rodès, et au-delà de là vers Rodès. Toutefois il
y a juste à deux pas, à côté du parking, l'ancienne chapelle de Belloch, une chapelle romane du XIIe siècle en très bon état de conservation. La rejoindre permet d'avoir une très belle vue aérienne du barrage et de la ville de Vinça.
Histoire
Un chantier aussi phénoménal provoqua de nombreuses curiosités au moment de sa construction, à partir de 1974. Afin de satisfaire les curieux un film fut réalisé,
film basé sur des prises de vue capturées au moment de la construction. Ce film a été réalisé par Gérard Langlois en 1978. Il a été fait en 16mm en noir et blanc, il
dure un peu plus de 26 minutes. Il est conservé à l'Institut Jean Vigo, à Perpignan. Les images ci-dessous en sont tirés.
Comme il vaut toujours mieux faire confiance au réalisateur, voici ci-dessous le texte tiré du film, texte d'un style un peu pompeux, un peu professoral, mais d'une
grande précision sur les différentes étapes qui ont conduit à la réalisation de ce magnifique ouvrage d'art. Parole donc à l'auteur.
NOTE : Les titres ne font pas partie du film, ils ont été ajoutés pour une meilleure compréhension du texte.
Présentation de la Tet
La Tet nait du lac bleu à 2500m d'altitude. Après avoir traversé le barrage des Bouillouses elle se précipite dans une gorge vertigineuse. Elle traverse ensuite plusieurs déprécions lacustres dont elle n'a pu s'échapper qu'en entaillant profondément le granit au pieds des villages qui peuplent sa vallée. Puis la Tet commence son cours en plaine en sortant des gorges de Rodès. Après avoir traversé Perpignan elle atteint la mer à Canet.
Le projet
Maquette du barrage
L'idée d'établir un barrage à Vinça remonte en 1892. L'adoption de principe actuel par le Conseil Général date de 1968. D'une hauteur de 60m au-dessus de sa fondation, le barrage, de type poids en béton, se développe sur 190m entre les rives. Il prend assise sur une largeur de 80m au fond de la gorge avec un encastrement de 10m dans le massif granitique sur l'ensemble de sa fondation. Le barrage de Vinça dont la retenue à une capacité utile de 25 millions de mètres cube est un ouvrage à but multiple. Jusqu'à concurrence de 17 millions de mètres cubes par an il permettra d'améliorer les conditions d'irrigation sur les périmètres existants et de mettre à l'arrosage de nouveaux périmètres. Sa vidange quasi complète à l'automne ménagera un creux suffisant pour écrêter les crues de la Tet. Cet écrêtement ira de la simple aténuation des crues catastrophiques, comme celle d'octobre 1940, à la suppression de certaines crues, faibles et moyennes.
Le barrage contribura à l'alimentation en eau potable des populations, en particulier de Perpignan et des communes littorales. Son utilisation ultérieure en combinaison de retenues annexes permettra d'économiser voire d'accroître les réserves d'eaux souterraines. La digue des Puntet qui isolera un bras de la retenue principale créera un plan d'eau touristique permanent à proximité immédiate du village de Vinça. Compte tenu de l'étroitesse du site la mise au point des évacuateurs de crues a nécessité des études détaillées sur modèles réduits en laboratoire. Deux évacuateurs de surface, contrôlés par deux vannes de 130m2 ont été prévus pour débiter 1000m3 seconde chacun sous le niveau maximum de la retenue. Dans les même conditions deux vidanges de fond, calées au niveau du lit et contrôlés par deux vannes de 20m2 délivreront chacune 500m3 seconde, ce qui porte à 3000m3 seconde la capacité totale d'évacuation du barrage. Un premier bâtardeau, modèle barrage-voûte en béton planté en amont du barrage définitif doit permettre la mise à sec du site jusqu'à un débit de crue de 250m3 seconde. Un second bâtardeau en terre doit éviter le retour de la rivière par l'aval.
Le détournement du lit provisoire
Commencé en décembre 1974 la première phase des bâtardeaux a été achevée 5 mois plus tard. La galerie souterraine, d'une section de 28m2, implantée en rive gauche détournera provisoirement la rivière de son cours normal sur une longueur de 200m pendant la durée de construction du barrage.
Le bâtardeau aval
En décembre 1974 commçait depuis l'aval la perforation de cette galerie. Les travaux se poursuivaient nuit et jour pour permettre de déboucher en amont du bâtardeau voûte 6 mois plus tard. Ainsi était réalisé la première phase d'un travail difficile qui allait obliger la Tet a quitter provisoirement le lit qu'elle s'était creusée dans la gorge St Pierre pendant des centaines de milliers d'années.
C'est le 19 juin 1975 que le lit de la Tet était ainsi mis à sec. On pouvait achever les bâtardeaux amont et aval de protection du site. L'emprise de la cuvette de Vinça intéresse environ deux kilomètres de la voie ferrée Perpignan-Bourg-Madame et de la route Nationale 116. C'est en rive droite de la future retenue, après avoir franchi le col de St Pierre et deux ravins que les voies atteignent le niveau du village de Vinça. Les travaux de rétrécissement des voies ont nécessité le terrassement de 700 000m3 de déblais et la mise en oeuvre de 900 000m3 de remblais provenant en grande partie de ces même déblais. La protection des talus des remblais en contact avec la future retenue de Vinça a été assurée par 150 000 tonnes d'enrochement provenant des carrières de Thuir et de Baixas. La création d'un niveau d'eau constant au puntet dans un bras de la retenue principale permettra l'équipement d'une zone touristique à Vinça. Ce plan d'eau est contrôlé par un oouvrage de sécurité des versants capable d'évacuer vers la retenue principale une crue d'un débit de 50m3 par seconde. En rive droite et depuis l'amont la déviation emprunte la digue des puntets de 25m. Puis c'est après avoir traverser la grande tranchée de la butte des Escoumes que les voies construites sur les remblais de Codillac, haut de 20m, franchissent le col St Pierre largement entaillé par un important déblais.
Construction des voies de communication
Mise en place du chantier
Pendant que les travaux de rétablissement des voies poursuivaient normalement leurs cours, les installations de chantiers et les travaux du barrage proprement dit étaient poursuivis. Les études réalisées à l'origine par le groupement d'entreprises ont montré que la meilleure solution de desserte du chantier pour l'approvisionnement du béton et sa mise en place consistait à installer deux blondins, sorte de téléphérique dont les cables sont tendus au milieu de la vallée entre des pilones fixes en rive gauche et des chariots mobiles sur une voie en arc de cercle en rive droite. Les travaux d'installation des blondins étant suffisament avancés le groupement d'entreprises pouvait commencer les travaux d'exclavation du barrage proprement dit. Ces travaux, réalisés à l'explosif jusqu'à 10m de profondeur en moyenne sur toute l'emprise du barrage vont nécessiter l'exclavationde 75 000m3 de rochers plus ou moins altérés pour atteindre le rocher sein de fondation.
Alors que le déblaiement de l'exclavation du barrage se poursuit, l'extraction des matériaux destinés à la confection du béton est entreprise dans le lit de la rivière en amont du barrage. Transporté par camoin jusqu'aux installations de traitement, les matériaux sont concassés, lavés et triés pour obtenir les 6 catégories de granulat y compris les sables entrant dans la composition du béton. Ils sont stockés en tas à la limite des installations. Puis approvisionné par convoyeur au fur et à mesure des bétonnages jusqu'à la centrale située sur la rive droite de la gorge à proximité du couronnement du barrage. C'est au laboratoire installé spécialement sur le chantier que la mise au point définitive des bétons à pu être réalisée dans les conditions réelles de production.
Bétonnage
Les bétonnages pouvaient loars commencer à la grue sur les plots de rive droite en octobre 1975. Pour la partie centrale du barrage le bétonnage débutait en février 1976 grace à la mise en service du premier blondin. Le chantier prenait alors sa cadence normale. Les postes de bétonnage sont organisés la nuit de manière à assurer l'utilisation satisfaisante des blondins aux diverses taches du chantier, la journée étant consacrée à la préparation des coffrages et à la mise en place des ferraillages.
Construction du barrage
La forme incurvée du barrage, la réservation d'un important réseau de galeries destinée à son exploitation, enfin la présence d'organes d'évacuation des crues de fortes capacités, en particulier pour la vidange de fond, ont entrainé la mise en oeuvre parfois complexe d'importantes quantités d'armatures et de coffrages. Quelques mois plus tard, en septembre 1976, 65 000m3 de béton sont coulés, et la forme des joints de construction séparant les différentes parties de l'ouvrage apparait, de même que se profile déjà les formes hydrauliques des deux pertuis de la vidange de fond.
A la centrale à béton, le malaxeur capable de prouire deux gachées de 3m3 toutes les trois minutes déverse le béton dans un silot-bus qui en assure le transport jusqu'au point d'accostage des bennes des blondins le long du quai. Chaque benne de 6m3 de capacité est guidée par radio jusqu'au lieu exacte de bétonnage sur le plot où elle est vidée en quelques secondes. L'équipe affectée àl amise en place du béton procède alors au réglage et à la pervibration du matériaux.
Ala fin de l'année 1976 le volume de béton mis en oeuvre atteint 100 000m3. Les formes définitives du parement aval et surtout celle du parement amont apparaissent nettement, en particulier celle des entonnements, des pertuis de vidange de fond et de la prise d'eau. Dans les pertuis de fond le constructeur des vannes a commencé le montage de ses équipements depuis quelques semaines. Des blindages en acier destinés, avec leur épaisseur de 14mm, à protéger la zone des vannes et des bâtardeau sont échaffaudés.
Installation du matériel hydromécanique
En février 1977 les pivots des vannes des évacuateurs de surface sont mises en place dans le béton des bas joyets. Ils pourront résister aux 130 tonnes de pression de chaque bras de vanne lorsque le barrage sera mis en eau. Simultanément les articulations destinées a supporter tout la poussée de l'eau sur le tablier des vannes de fond sont installées. Les blindages des pertuis de fond ont pu être scellés au béton de masse et les vannes proprement dites sont installées aux pertuis où leurs montages sont en cours. Le réseau des galeries d'exploitation est bien avancé et les premiers appareillages d'auscultation du barrage ont pu être installés. Les mesures de contrôle sont effectuées régulièrement.
Pose des vannes
D'autres équipes de montage du matériel hydromécanique achèvent l'assemblage élément par élément de la conduite de prise d'eau qui dans quelques mois alimentera notament les périmètres d'irrigation dominés par le canal de Corbère. La perforation du rocher pour le traitement de la fondation à pu commencer depuis l'extérieur du barrage. A l'intérieur on procède à l'injection du coulis de ciment dans un réseau de canalisations réservés à l'avance dans le béton du barrage et en communication avec les forages en attente dans le rocher. Paralèllement l'entreprise installe les pendules d'auscultation qui permettront de mesurer les mouvements du barrage au moment de sa mise en eau.
Remplissage du barrage
Le 16 juin 1977 les travaux les plus importants s'achèvent. La rivière peut être dérivées vers le barrage. Pour ça le bâtardeau amont a été partiellement détruit pour dégager le passage de l'eau et la galerie souterraine et provisoirement obsturée par des panneaux métalliques.
Le lit de la Tet après les travaux
La rivière retrouve son ancien lit en franchissant l'ouvrage en traversant les deux pertuis de fond dont les vannages sont tenus grands ouverts pour parer à toute éventualité de crue.
Les derniers travaux peuvent alors être engagés. Il s'agit de condamner définitivement la galerie de déviation provisoire de la rivière devenue maintenant inutile. Simultanément sur la partie supérieure du barrage le montage des vannes des évacuateurs de surface est réalisé de sorte que les pièces les plus lourdes soient mises en place avant le démontage des blondins dans un délai compatible avec la mise en eau des tranches supérieures de la retenue. Pendant les derniers mois de l'année 1977 les travaux de finition de l'ouvrage sont faits. La retenue est remplie jusqu'au niveau de la prise d'eau. Début 1978 commence la mise en eau finale. Le niveau normal d'exploitation est atteint en juin de la même année.
Les essais en charge
Les essais en charge de l'ensemble des vannages peuvent alors être organisés pour vérifier le comportement et les performances du mécanisme sous la pleine charge de la retenue. Les vannes des évacuateurs de fond sont essayées simultanément et séparément. Puis le robinet à jet creux de restitution des débits à la rivière est testé à pleine ouverture. Enfin les essais s'achèvent par la mise en service à capacité réduite des évacuateurs de surface. Ces essais ont permis de confirmer les résultats obtenus lors des études sur modèle réduit et de vérifier le bon fonctionnement des équipements hydromécaniques.
44 mois après l'ouverture des chantiers l'aménagement de Vinça est en service.
Sa retenue ayant atteint sa capacité maximale améliorera dès l'été 1978 les conditions d'irrigation des périmètres existants en aval du barrage et remplira dès l'automne suivant son rôle d'écrêteur de crues.
Ainsi s'achève la première réalisation du programme d'équipement dont le département des Pyrénées-Orientales a décidé de se doter pour assurer la maîtrise de son eau.
Images de la construction
Voici une série d'images extraites du film de Mr Langlois. On y voit les différentes phases du projet tel qu'il est expliqué ci-dessus.
Maquette d'essai du barrage
Maquette d'essai du barrage
Maquette d'essai du barrage
Plan des bâtardeaux
Bâtardeau aval
Bâtardeau amont
Percement de la déviation
Galerie de la déviation
Comblement du lit
Déviation de la rivière
Plan des voies de communication
Construction de la digue
Construction du téléphérique
Cimenterie provisoire
Test de qualité du béton
Creusement de l'assise
Transport aérien du béton
Ferraillage
Avancée du bétonnage
Installation des vannes
Avancée des travaux
Elévation
Installation des appareils de surveillance
Le lit de la Tet pendant les travaux
Perçage des fondations
Pose des vannes
Pose des vannes
Mise en eau
Mise en eau
Mise en eau
Essai en charge
Essai en charge
Essai en charge