Museum de Perpignan
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Situation et accès
Le muséum d'histoire naturelle de Perpignan se trouve en plein centre-ville. Méconnu des habitants, il a pourtant un passé remarquable et accueille des collections intéressantes. Il est situé au 12, place de la fontaine neuve, à Perpignan. C'est au début du quartier Saint-Jacques, peu après la médiathèque.
Coordonnées GPS : 2.8994800000 N, 42.6974600000 E.
De quoi s'agit-il ?
Le musée d'histoire naturelle de Perpignan, dit Muséum de Perpignan, est logé dans l'hôtel Ca Garriga, un hotel particulier du XVIe siècle. Si il a été remanié de sorte que le bâtiment, en soit, n'apporte plus grand chose à l'intérêt de la visite du musée, il n'en reste pas moins que certains éléments de décors et le magnifique escalier sont d'un grand intérêt à eux seuls.
De nos jours il présente des collections qui font référence concernant la faune et la flore des Pyrénées-Orientales, mais aussi quelques spécimens plus exotiques dont une collection d'ethnologie provenant en majorité d'Océanie. Eh oui.
Issues de tous les domaines des sciences naturelles tels que l'archéologie, la paléontologie, la zoologie, la botanique, la minéralogie, l'ethnologie, et riches de pllus de 100 000 spécimens, les collections du Muséum offrent une vision globale de la biodiversité locale et se révèlent un outil précieux pour de nombreux chercheurs.
Les salles d'exposition se partagent aujourd'hui entre le rez-de-chaussée, dévolu aux expositions temporaires, et le premier étage du bâtiment, pour les collections permanentes. Le muséum ayant obtenu l'appellation "Musée de France" depuis le 1er février 2003, ses collections sont donc reconnues d'intérêt public et il a pour mission de :
- Conserver, restaurer, étudier et enrichir ses collections,
- Rendre ses collections accessibles au public,
- Concevoir et mettre en oeuvre des actions d'éducation et de diffusion visant à assurer l'égal accès de tous à la culture,
- Contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu'à leur diffusion.
L'hôtel Ca Garriga
L'hôtel Ca Garriga
L'hôtel Ca Garriga dans lequel se trouve ce musée est celui d'une des plus nobles familles de Perpignan, l'une des plus anciennes aussi. Elle resta dans la famille de sa construction à 1792, après sa récupération en tant que bien commun par les révolutionnaires. Cet hôtel servit alors de tribunal révolutionnaire
De l'édifice d'origine ne subsite qu'une fenêtre, celle qui ouvre sur la patio, face à l'entrée. Elle est armoriée par trois écus aux armes des maisons Ca Garriga, Alemany et Cervello qui remontent au premier quart du XVIe siècle. Au centre est sculpté l'écu de la famille Ca Garriga, il est orné d'un buisson de chêne vert englandé surmonté d'un casque fermé de sept grilles et d'une couronne de baron, en référence aux sept barons de la Catalogne. L'écu de gauche porte les armes de la famille de Cervello, il présente un cerf, et celui de droit, celui de la maison Alemany, est fait de trois petites ailes. La présence de ces trois armes sur une même pièce d'architecture se justifie par le fait que la famille de Ca Garriga s'était uni aux Cervello et aux Alemany dès le XVe siècle.
Les collections
La visite du muséum commence par... une côte de baleine, ainsi qu'une de ses vertèbres. Et oui.
La baleine du XIXe siècle
La côte de la baleine
Il s'agit de la baleine qui s'est échouée à St Cyprien à la fin du XIXe siècle. Dépecée, certains ont récupérés une côte, dont deux sont exposées au public dans des lieux complètement différents : Une ici, au muséum, et l'autre... sous le porche de l'église Ste Juste et Ste Ruffine de Prats-de-Mollo. Pour celle du muséum, il faut bien le dire : On aurait voulu la présenter encore plus mal qu'on ne s'y serait pas pris autrement. Sous l'escalier monumental, derrière une grille de présentation posée en vrac, sans lumière d'ambiance, elle fait peine. La vertèbre est abandonnée à côté. On se demande vraiment si personne ne pense à pousser ce qui gène, imprimer un petit texte, mettre une lampe, ou n'importe quoi d'autres qui rendrait son emplacement plus appropriée ?
Au rez-de-chaussée on trouve aussi quelques vitrines qui montrent, entre autres, des restes des fouilles du Serrat d'En Vaquer, le site archéologique sur lequel ont été retrouvé des vestiges de l'ère paléolitique, en particulier un morceau du Titanochelon Perpiniana, une tortue géante retrouvé pour la première fois ici et qui a pris, en toute logique, le nom de la ville. Pour être exact cette tortue vivait au Pliocène ancien, soit il y a quatre millions d'années. Elle mesurait 1,5m de diamètre et est exposé, de nos jours, au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris (Hélas, pas à Perpignan).
Les animaux
Les animaux empaillés
La visite se poursuit par le grand escalier et mène, au premier étage, à un parcours sur la faune, assez long. Plusieurs galeries se succèdent, avec de nombreuses vitrines montrant des animaux empaillés. Des petits, des moyens, des gros, des à plumes, des à écailles, des à poils, brefs, un peu de tout. Ils sont présentés par groupes, et les espèces montrées sont assez divers, ce qui permet d'avoir un large spectre du règne animal. Ca reste tout de même assez simple, les animaux sont présentés dans les vitrines avec leurs noms communs et scientifiques, quelques informations parfois, en particulier sur leurs présences dans le département des Pyrénées-Orientales, mais c'est à peu près tout. Il se dégage de ses galeries un petit sentiment d'oppression, surtout si on est seul. L'impression d'être observé par tout ces animaux que l'on voit plus morts qu'autre chose. C'est ce qui marque dans ce musée, il n'a pas évolué depuis des années et la présentation successive d'espèces a un côté massif, lourd. On apprécierait des respirations avec par exemples, des panneaux explicatifs sur l'intérêt de la présence de ces animaux ici, un parcours ludique par exemple. Pour être honnête, il y en a un, mais il semble réservé aux plus petits des visiteurs.
La momie
La momie
Au bout de ces galeries il y a une petite pièce sombre, haute de plafond, qui était l'ancienne laverie de l'hôtel Ca Garriga. Elle a un joli plafond en bois, à caisson, il date du XVIIIe siècle. Mais le véritable intérêt de la pièce est son contenu : une momie.
Il s'agit d'IOUEF-EN-KHONSOU, un nom qui signifie "Qui appartient à KHONSOU, fils d'AMON-RE". Il était prêtre, scribe au temple d'AMON-RE. Mort à l'âge de 30 ans, il était contemporain de la XXIe dynastie et serait donc vieux de 3000 ans à peu près. Il est présenté dans son cercueil recouvert de hiéroglyphes prouvant que ce dernier servit précédemment aux corps de PAEN-NEST-TAOUY. Mais si l'on en croit la figure représentée sur le couvercle, le propriétaire initial aurait pu être une femme, ce qui fait que ce cercueil a dû être utilisé par trois personnes différentes.
Le corps, après avoir subi uen deshédratation par le natron, a été préparé de façon rituelle : Dépôt du linge ayant servi à éponger les parois de la cavité thoraco-abdominale à l'intérieur de celle-ci, application de résine au cours des enroulements, bandelettage soigneux des différentes parties du corps. La momie, entièrement emmaillotée de lin est exposée en position allongée à l'intérieur de la cuve de son cercuil anthropomorphe.
Le sarcophage composite est constitué de trois pièces : la cuve, le couvercle intérieur et le couvercle extérieur provenant d'un autre cercueil. L'iconographie et le fond, de couleur jaune domoniante, le datent de la XXe synastie (1085-950 avant notre ère). Le cercueil a été fabriqué à partir de diverses essences : cèdre pour la cuve, figuier sycomore pour le couvercle extérieur et ficus pour le couvercle intérieur. Seules les faces externes des trois pièces sont décorées et portent des inscriptions. Le couvercle intérieur est le meix conservée des trois pièces. Il est ornée de la déesse Isis étendant ses ailes en signe de protection, au-dessus, Nephthys et Isis battent des ailes donnant un souffle de la vie illustré par la croix ansée (Ankh) et le scarabée, l'un des attributs de Ptah.
Mais que fait donc une momie à Perpignan ?
La réponse est simple, c'est un don fait à la ville par Ibrahim-Pacha, fils du vice-roi d'Egypte, vainqueur de différentes batailles dont celle de St Jean d'Acre. Ce personnage avait une santé fragile et sur les conseils de la faculté de médecine de Montpellier il contacta son ami François Arago et se rendit à Vernet-les-Bains pour y faire une cure. Accueilli avec un grand confort, son séjour fut si plaisant qu'il remercia la région par ce don inattendu, une fois qu'il fut rentré au Caire.
Le crâne préhistorique
Le crâne préhistorique
Arrive la seconde belle pièce du museum, avec la crâne d'un homme préhistorique. Peu mis en valeur, il est présenté dans une vitrine consacrée à quelques reliefs des temps préhistoriques, posés au sol, avec un panneau explicatif qui précise que c'est le tout premier crâne préhistorique découvert dans le département des Pyrénées-Orientales. Découvert en 1849 par Companyo, cette période était hélas un moment de l'histoire où les découvertes scientifiques, si elles étaient reconnues, n'étaient pas traitées comme de nos jours. Et le lieu de la découverte fut perdu, nous n'en n'avons qu'une simple indication : "Dans une gangue ossifère dure dans une caverne du bassin de St Paul de Fenouillet". En 1861 il précise l'emplacement "sur la continuation de la chaîne de St Antoine vers Caudiès à une petite distance de la brisure que traverse l'Agly".
Au début du XXe siècle Laurent Maurette passa plusieurs jours à fouiller les grottes et les anfractuosités du chainon de St Antoine (Au Nord de St Paul). Si il y découvrit une industrie lithique dans certaines il ne trouva nulle trace de gangue similaire à celle du crâne. Après plusieurs recherches Depéret est persuadé que la localisation de cette caverne pouorrait être au Sud de St Paul, au niveau de la Clue de la Fou où il a découvert une brêche osseuse en tout point identique à celle qui remplit le crâne fossile. Ces brêches ont été décollées de la paroi et emportées par A. Donnezan. Le muséum en possède quelques échantillons.
Si certains lui reconnaissent des caractères archaïques néandertaliens, R.P. Charles en 1964 le rapproche de l'homo sapiens du néolithique ancien de type aquitano-méditerranéen caractérisé par une boîte crânienne allongée (dolicrâne) à voute moyenne (orthocrâne) et assez étroite (métrio-acrocrâne). La forte minéralisation du crâne et de la brêche osseuse est dûe à la présence à cet endroit de la Clue de la Fou d'une source pétrifiante.
La salle géologique
La salle géologique
Plus amusante qu'autre chose pour le grand public, cette salle de taille modeste présente une belle collection d'échantillons de pierre des différents territoires du département. Ce qui est amusant, c'est de constater sa grande diversité géologique, avec en particulier des couleurs variées de marbre et de grandes différences entre les roches des trois vallées.
On y trouve également quelques fossiles.
Le cadre Arago
Le cadre Arago
Vous vous souvenez de ces cadres remplis de papillons, de scarabées, ou de tout autre insectes ? Ils sont tous présentés par ordre d'intérêt, bien alignés, avec une légende ?
Ils semblent tout droit sorti de la fin du XIXe siècle. Et bien il y en a plusieurs, ici. Et l'un d'eux est particulièrement remarquable : La cadre Arago, du nom du ministre catalan. C'est son frère Jacques qui lui offrit lorsqu'il entreprit, entre 1817 et 1820, un tour du monde à bord de "l'Uranie" et de la "Physicienne", deux bateaux scientifiques. Ce cadre contient une collection de lépidoptères en provenance d'Amérique du Sud, le cadre fut offert au muséum en 1839.
Il présente sept colonnes de spécimens, chacune étant un ensemble de neuf familles de lépidoptères : Les Brassolidae, les Morphidae, les Danaidae, les Heliconiidae, les Ithomiidae, les Papilionidae, les Pieridae, les Nymphalidae et les Lycaenidae. Certaines espèces se répètent selon une symétrie bilatérale axée sur la colonne centrale.
La collection d'Océanie
L'Océanie
Voilà une autre curiosité de ce muséum qui, décidement, offre de belles surprises. Les dernières salles sont dédiées à une jolie collection d'objets venant d'Océanie. On ne s'y attend pas une seconde, ici.
Plusieurs vitrines, à la présentation très sommaire et peu inventive, offrent aux regards divers objets de la vie courante, de culte, de chasse ou pêche, et même d'armes. Parmi elle, des massues à collerette gravée, des haches de fer montées sur des manches de massues traditionnelles, des gibernes à pierres de fronde, des bracelet de coquillages, et un joli et très visible jupon de paille, une pièce d'habillage traditionnelle.
Ce que l'on peut considérer comme la pièce principale serait une sculpture de grade anthropomorphe. Elle vient du Vanuatu et fut taillé dans un tronc de palmier. De telles sculptures se dressent à l'entrée des villages ou près des édifices où se réunissent les hommes. La population masculine de ces régions est répartie dans des associations aux grades strictement étagés. Moyennant des sacrifices de porc et des dons de plus en plus importants à mesure qu'on s'élève dans la hiérarchie, les grades nouveaux s'acquièrent au cours d'une fête en mémoire de laquelle chacun des promus fera sculpter une statue en palmier. Seuls des hommes riches et âgés peuvent être les hauts dignitaires de cette association qui joue un rôle économique et social prépondérant.
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Histoire
Le muséum de Perpignan a été créé précisément le 8 octobre 1770. C'est la date d'un décret de l'université de Perpignan pour la création d'un cabinet botanique. Ce cabinet avait été souhaité et mis en place par un professeur agrégé de médecine, Joseph Carrère. La création officielle faisait suite à diverses actions dans le secteur botanique au sein même de l'université, par quelques professeurs. Rapidement ce cabinet a accumulé de nombreuses plantes qui y étaient décrites, puis ce fut le tour des animaux et des végétaux à intégrer les premières collections.
Le 3 juillet 1773 le roi releva Joseph Carrère de ses fonctions et donna le poste au doyen de médecine, un certain Costa, qui poursuivi l'œuvre de son prédécesseur. A la révolution, en 1793, l'université et le jardin des plantes, qui était une création du cabinet de botanique, furent abandonnés, et ce jusqu'à l'arrivé d'Emmanuel Bonafos, médecin de l'université de Montpellier, qui pris ses fonctions à l'école centrale, alors dans les locaux de l'ancienne université. L'état du jardin des plantes et des collections étaient lamentables, la révolution ayant désorganisé les moyens et méthodes mises en place jusqu'alors.
Les collections furent mises sous la responsabilité de l'école centrale, mais pour peu de temps car le 6 thermidor an XI l'école centrale fut fermée et des scellés furent apposées sur le bâtiment contenant les collections. Une décision du gouvernement (8 pluviose an XI) devant mettre à la disposition de la ville de Perpignan le cabinet d'histoire naturelle, les objets s'y trouvant furent remis au citoyen Lasserre, adjoint au maire.
Par la suite les collections furent oubliées jusqu'en 1830, année de la formation d'une société savante, la "Société Philomatique", ancêtre de ce qui deviendra la "Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales" (dont les écrits alimentent régulièrement les pages de ce site Internet). Leur séance du 4 septembre 1835 fut déterminante car il fut demandé publiquement la création d'un cabinet pouvant recueillir les fruits des travaux intellectuels de cette société, ce qui fut suivi d'effet le 18 septembre 1835 avec la demande officielle de la formation d'un musée.
A partir de là les évènements s'accélérèrent. La société philomathique obtint de nombreux dons de passionnés de sciences, en particulier dans le domaine de l'histoire naturelle. En 1837 les collections s'agrandirent considérablement et il fallut songer alors à un lieu d'entreposage permanent. La demande ayant été faite auprès du maire, celui-ci fit parvenir la lettre suivante au présente de la société philomathique, qui entretemps avait changé de nom pour devenir la célèbre Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales :
Je m'empresse de vous informer que le conseil municipal a adopté la proposition que vous avez faite par lettre du 7 de ce mois de transférer dans la salle de votre Société la collection donnée par M. Boluix, ainsi que les objets d'histoire naturelle de l'ancien cabinet. Vous pouvez en conséquence faire retirer soit de la mairie, soit de la maison de M. Companyo qui a bien voulu jusqu'à ce jour en conserver le dépôt, tous les objets se rattachant au cabinet d'histoire naturelle.
Ainsi fut créé officiellement le muséum de Perpignan qui ne prit ce nom que plus tard. Il fallut alors avoir une gestion plus fine des dépenses, ce qui conduisit la société à clarifier ses relations avec la ville. Le 4 juin 1840 fut adopté le texte suivant :
Article l - La Société des Pyrénées-Orientales déclare que le cabinet d'histoire naturelle est la propriété de la ville.
Article 2. - Elle accepte l'allocation de 2 000 F votée par le Conseil Municipal dans sa séance du 6 avril dernier pour concourir aux frais d'installation du cabinet.
Article 3. - La Société, en renonçant à son titre de propriété et à son droit d'usufruit se réservera néanmoins par exprès la faculté de présentation des trois candidats afin que le maire choisisse l'un deux pour être conservateur du cabinet. Ces fonctions exigeant un emploi du temps, un travail assidu et long, la Société demande qu'elles soient rétribuées. Le Conseil Municipal fixera le chiffre en raison de l'importance de ces fonctions.
- La Société qui a reconnu l'indispensable nécessité d'un conservateur du cabinet, n'en apportera pas moins son tribut de zèle de tous ses membres pour aider le Conseil Municipal dans le développement qu'il est appelé à donner à cet établissement urbain.»
Cette décision fut entérinée le 4 août 1840 par le Conseil Municipal, et c'est ainsi que le muséum d'histoire naturel est devenu la propriété de la ville de Perpignan.
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