Situation et accès
Le château de Caladroy se trouve entre Millas, Estagel et Bélesta. Situé à 354m d'altitude, il domine le Ribéral et la plaine du Roussillon, ce qui en fait un point de vue magnifique. Et comme le château est lui même bien conservé, l'ensemble est de toute beauté.
Pour se rendre sur place il faut prendre la route qui va d'Estagel à Millas. Au col de la Bataille, bifurquez vers Bélesta, le château se repère sur votre droite.
Coordonnées GPS : 2.6441832110 N, 42.7228564400 E.
De quoi s'agit-il ?
Le château de Caladroy est le siège d'un ancien village situé sur cette petite colline. De nos jours c'est un domaine viticole de grande importance
dans la région. Il est près de Bélesta.
Du château proprement dit il reste un suberbe rempart crénelé comme on en voit peu dans le Roussillon,
au bout duquel se dresse deux tours : Une carrée, massive, et une ronde, plus petite. La tour carrée date de 1292 (le château, lui, est cité en 1257 et
1262) Dans la cour du château on trouve une chapelle romane dont le mobilier est particulièrement soigné. L'autel est en marbre blanc et les murs
intérieurs sont partiellement couverts de boiserie. La chapelle initiale, du XIIe siècle, est toujours visible. Elle se trouve sous les fondations du
château et sert de nos jours de caveau de dégustation.
Histoire
La présence d'une civilisation préhistorique ne fait aucun doute sur le territoire de Caladroy, mais à une époque relativement récente.
Si en effet nous n'avons pas la preuve de la présence d'hommes du lointain paléolithique, comme il faut s'y attendre, ceux du néolithique
et plus particulièrement de la période mégalithique nous ont laissé un menhir, une pierre droite de 4m de haut, c'est à dire l'un des plus
grands de la région. Ce menhir est toujours visible sur le territoire de Caladroy, mais malheureusement il est désormais couché et brisé
en deux parties de dimension égale, terrassé par les intempéries. Ce menhir ne possède pas, à priori, de cupules ou autres gravures rupestres.
Par la suite le domaine de Caladroy est resté vierge de tout habitant. Ni les celtes (-500), ni les romains (-121), ni les wisigoths
(-412), ni les sarrasins (735) n'ont laissé de traces sur ce site. Aucune habitation, aucun vestige n'est venu prouver l'existence d'une
vie sociale sur cette colline, et il faudra attendre l'arrivée des carolingiens en 811 pour que commence la vie locale.
Au IXe siècle le territoire du Roussillon était frontalier avec celui des sarrasins restés de l'autre côté des Pyrénées. Charlemagne créa
la marche d'Espagne, une zone militaire, et divisa les nouveaux territoires en comtés. Caladroy fut inclus au comté de Bésalù (du nom de la
capitale, actuellement en Espagne) et un premier château apparu pour défendre le territoire. Il faut savoir qu'au tournant de l'an mil les
premiers seigneurs apparurent, et c'est ce phénomène qui est à l'apparition du château initial. Le seigneur en question était un certain
Adroario qui obtint de Charles le Chauve le droit d'édifier cette place-forte sur le site appelé à l'époque "Petra Ficta" ("la pierre figée",
en référence au menhir). Ce château fut très probablement construit autour du XIe siècle, mais l'époque est trop éloignée pour que nous en
soyons sûr. De plus aucun document vient affirmer cette thèse.
Evidemment le site s'est désormais appelé "Castel-Adroario" (Château Adroario), puis par contraction "Caladroer" et par évolution sémantique
"Caladroy". Au XIIe siècle Caladroy fut transformé. Le château fut agrandi pour faire face à l'évolution démographique propre à l'époque.
Un village se forma naturellement à ses pieds, qui ne se transforma pas en commune à la révolution comme ce fut le cas pour beaucoup d'autres.
A la fin du XIIe siècle arriva l'épisode des cathares. Cette branche de la religion chrétienne se répandit dans le Sud de la France et fut
brisée par l'Eglise catholique lors de la bataille de Muret qui vit la défaite des seigneurs pro-cathares, le comte de Foix, celui de Provence
et pour ce qui nous importe le comte de Barcelone. Suite à cette défaite une frontière fixe fut instaurée entre la France et la Catalogne,
frontière établie au traité de Corbeil en 1258 et qui passait un peu au Sud de Caladroy. Chaque camp la fortifia, et Caladroy fut intégré
au système de défense de la France, avec Quéribus, Trémoine, Lansac,
Latour de France, Cuxous, Caladroy,
Bélesta, Montalba, Roquevert,
Palmes, Corbous, Arsa,
Le Vivier, le château de Fenouillet et les églises
fortifiées de St Martin et St Barthélémy (entre Bélesta et Caladroy).
Ainsi Caladroy évita la guerre entre l'Aragon et le royaume de Majorque, entre les XIVe et XVe siècle. Resté dans le giron de la France,
le château sera prit en 1496 par les espagnols avant d'être rendu aux français peu après. Après la guerre de 30 ans opposants français et
espagnols, Caladroy ne fut plus considéré comme une forteresse et aucune armée ne fit les transformations nécessaires pour adapter le site
militaire aux contraintes nouvelles de la balistique, ce qui permit de le conserver partiellement dans le même état que celui qu'il avait
au Moyen-âge.
Le château connu un dernier fait d'arme en 1793 lors de la guerre franco-espagnole de cette année. Mais son faible intérêt stratégique
fit que les espagnols l'abandonnèrent vite pour se concentrer sur la plaine et le Conflent, avant leur défaite en 1795. A partir de la fin
du XVIIIe siècle le hameau de Caladroy se dépeupla, le site étant trop isolé. Il reste de nos jours quelques maisons de ce hameau. Le domaine
devint une propriété viticole, suivant la mode qui consistait à planter de la vigne (typique de la période du XIXe siècle). Il changea de
propriétaire plusieurs fois. Le 14 avril 1923, le château subit un important incendie. Complètement détruit, il fut aussitôt reconstruit à
l'identique.