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Chapelle de La Pave




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Situation et accès

La chapelle La Pave se trouve dans une vallée des Albères au dessus de Sorède. Officiellement sur le territoire d'Argelès-sur-Mer, on y accède par un sentier qui part sur la droite, à trois ou quatre kilomètres de la route de Lavail. Lavail, c'est un hameau de Sorède dont la route d'accès part de la route reliant Argelès sur Mer à Sorède. On est là dans la vallée de Montbram.


Coordonnées GPS : 2.9874236050 N, 42.5215273000 E.


De quoi s'agit-il ?

La chapelle de la Pave est dans les Albères, sur la route de Lavail, plus exactement dans la vallée de Montbram. C'est un petit sanctuaire de type roman, avec quelques éléments antérieurs. Le clocher est plus récent, l'ancien s'étant probablement effondré. Beaucoup d'autres chapelles sont dans ce même cas, leur clocher initial carré ayant été remplacé par un mur-clocher. Les murs intérieurs sont recouverts d'un enduit qui semble être d'origine. Il était probablement peint de grandes fresques car il reste sur la voûte des traces de peintures bleues, le bleu représentant le ciel.

Extérieurement la chapelle a un appareillage grossier fait de pierres sèches, elle a une fenêtre, au chevet, en ogive, son contour est en pierres taillées. Le toit est fait d'ardoises, ce qui est plutôt original. A l'intérieur la chapelle contient un autel refait récemment, il est tout en pierres de rivière surmontées d'une table faite d'une grande pierre plate. Si l'impression générale est la simplicité, cette chapelle est toutefois très bien proportionnée et son implantation dans la végétation en faite un bon but de promenade. A noter la présence d'un petit bâtiment ancien accolé à la chapelle, probablement la résidence de l'ermite à l'époque où il y en avait un.

Elle était initialement dédiée à St Alexandre, un Saint assez peu commun dans la région. En 1858 la chapelle fut rattachée à la ville d'Argelès-sur-Mer et changea de Saint protecteur, elle passa à St Ferréol. La chapelle lui est toujours consacrée de nos jours. Cette chapelle était autrefois le centre d'un village du Xe siècle, village qui s'étendait le long du flanc de la colline. Le sentier qui y monte et que l'on emprunte encore de nos jours est celui qui permettait de traverser les Albères. C'est probablement lui qui a été utilisé par Philippe le Hardi en 1285 lors de la croisade contre Pierre IV d'Aragon.


Photos


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Histoire

Du VIIIe au XVIe siècle : La paroisse St Alexandre

La chapelle de la Pave, bien qu'apparemment simple et sans particularité, est en fait le siège initial d'une paroisse, et donc d'un village. Lorsque le Roussillon fut conquis par les carolingiens sur les sarrasins, Charlemagne y instaura le système féodal. Pour attirer les habitants, venus du Nord de la France mais aussi du Nord de l'Espagne, il fait construire d'importantes abbayes qui essaimeront des chapelles dans toutes les vallées des Albères.

C'est ainsi que fut construite St Alexandre de la Pave, qui apparaît pour la première fois en 1286 sous le vocable Presbyter de Pausa. En 1339 elle est citée Parrochia Sancti Alexandri de Pausa (Paroisse St Alexandre de Pausa), c'est la première indication de son statut de paroisse. Durant le XIIIe siècle aura lieu la croisade contre les Catalans. Lancée par le roi de France Philippe III le Hardi, les troupes françaises franchirent les Pyrénées par la vallée de Montbram, (donc par La Pave) plutôt que par le col du Perthus car les catalans verrouiller ce passage.

Le village de la Pave s'étirait sur le flanc de la colline, dans la vallée de Montbram. Nous n'avons pas d'indication particulière sur la taille de ce village, ni son influence durant le moyen-âge. Mais il semble qu'il ai été rapidement rattrapé par l'évolution démographique des villes plus importantes (Sorède, Argelès). Peu à peu il s'est dépeuplé et a disparu, seule l'église pouvant témoigner de son passé.


Du XVIIe au XXe siècle : l'ermitage de La Pave

Curieusement on trouve une nouvelle trace de cette église sous le nom de ecclesia Sanctae Mariae de la Pava en 1675 : A cette époque la pratique de l'érémitisme s'était largement développé en Roussillon, chaque village voulant avoir son ermite. Ceux ci logeait dans les anciennes églises désaffectées ou autres chapelles castrales, ce qui était le cas de St Alexandre, mais ce qui est étrange c'est l'appellation Eglise pour une église désaffectée, en général elle était nommée Chapelle. C'est d'ailleurs le cas en 1688, lors de l'inventaire des ermitages du Roussillon, où on peut y lire Hermita de Nostre Senyora de la Pava (ermitage Notre Dame de la Pave). Le changement de nom corresponds d'ailleurs bien avec le changement de fonction. Il faut dire que l'ermitage de l'ermitage de La Pave fut créé sous l'impulsion de l'archidiacre Jérome de Pérarneau, qui en officialisa la nouvelle dénomination.

Les ermites du Roussillon, entre les XVIIe et XVIIIe siècle, n'étaient pas du tout des religieux vivants isolés, ils étaient au contraire des membres de la société civile catalane. Ils étaient physiquement accessibles, et détenaient un bien précieux : le savoir. Ils représentaient la connaissance, le bon sens, et on les respectaient pour ça. Les habitants de la région allaient les rencontrer pour résoudre des problèmes de moralité en particulier.

Mais cette situation ne dura que jusqu'à la révolution française. En 1790 la toute jeune république vota une loi qui déclarait que les biens de l'Eglise étaient des possessions de l'Etat. Ainsi tous les édifices religieux qui n'étaient pas le siège d'une paroisse furent vendus comme biens d'Etat, ce qui était le cas de La Pave. Quelques années plus tard les lois anti-cléricales furent assouplies, certains ermitages purent réouvrir au culte. La Pave put le faire le 19 septembre 1858 sous le nom de St Ferréol, son Saint Patron actuel. Un nouvel ermite prit place dans la chapelle, un ermite moderne, issu de la dernière génération des ermites. Ils étaient n'étaient pas des religieux mais des laïcs, s'habillaient donc en tenue catalane et plus en bure. Ils poursuivaient leurs rôles de quêteurs mais n'avaient plus l'aura d'autrefois. Dans les années 50 le dernier ermite disparut et cette étrange activité avec.

Durant le XXe siècle le besoin d'espace et de calme de certains catalans les ont poussé à faire revivre le hameau et de nos jours, c'est une petite dizaine de maisons qui gardent la chapelle médiévale.




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